dimanche 12 octobre 2008

Populismes

Bon, ça fait un moment que je l'annonce, voici enfin mon article expliquant pourquoi j'estime que les politiques extrêmes, de gauche ou de droite, sont à bannir.

Commençons par nous attaquer aux racines de ces idéologies, ou plutôt à celles de leurs doctrines les plus représentatives.
Même en ne lisant que les quelques premières pages de certains écrits de Karl Marx qu'un être humain normalement constitué est capable d'ingurgiter avant de sombrer dans la plus profonde léthargie, on s'aperçoit que le communisme n'est né que d'une réaction de la classe populaire face à ce qu'elle considérait, sans doute au moins un peu à raison, être sa spoliation par la cupide et malveillante bourgeoisie. De même, si on reprend les thèmes emblématiques des revendications nationalistes, on retrouvera globalement en constante le fait d'accuser les étrangers, l'immigration, voire les échanges internationaux de tous les maux du système.
Le point commun entre ces deux types de doctrines est qu'ils reposent sur la mise en place de boucs émissaires, dans un cas la classe bourgeoise, dans l'autre les étrangers par exemple, sur qui se déchargera toute la responsabilité des travers de tout système économique et social : le chômage, la pauvreté, la violence, la stagnation sociale, les lourdes charges de travail, etc. Le bon peuple peut ainsi se dédouaner d'une quelconque responsabilité dans ses malheurs tout en dirigeant les solutions pour améliorer ses conditions de vie contre ceux qu'il a choisi de désigner comme fautifs. Du coup les citoyens n'ont plus à assumer leur responsabilité propre et à essayer d'améliorer leur condition par eux-même et par d'autres moyens que la revendication incessante.
On obtient ainsi un système basé sur l'acharnement, la jalousie et parfois même sur la haine, où l'on se préoccupe au moins autant que telle ou telle catégorie ne jouisse surtout pas d'avantages qu'on lui suppose indus que de résoudre les problèmes de manière rationnelle.

Et après, me dira-t-on, s'ils ont effectivement raison ? Si une catégorie sociale était effectivement à l'origine des maux de la société toute entière ? Après tout c'est envisageable.
Même si j'ai ma petite idée, ce n'est évidemment pas à moi, jeune étudiant de 21 ans avec trois modules d'économie à son actif, de trancher cette question épineuse. Ce genre de délibération revient évidemment à des professionnels des sciences politiques. S'il était si simple d'invalider de manière incontestable les théories extrémistes, nous n'aurions pas autant de spécialistes des diverses sciences de l'analyse politique dans chacun des camps.
Même si un peu de bon sens, des exemples historiques et des notions même très succinctes d'économie semblent nous indiquer que des mesures comme la fermeture des frontières, la baisse drastique du nombre d'heures travaillées ou l'absence d'un système de "motivation par la carotte" par l'élévation sociale ne pourraient quasiment résulter que sur un désastre économique, il n'existe sans doute personne d'assez compétent pour le prouver totalement, d'autant plus que cela dépend fortement du contexte.
Mais c'est aussi valable dans l'autre sens, il est impossible de prouver que ces politiques soient d'une indéniable efficacité, et étant donné le risque majeur que leurs applications dans tous leurs extrémismes impliquerait, un simple principe de prudence nous impose au moins de nous en méfier et de ne pas tenter le diable, même en admettant qu'un scénario impliquant des conséquences graves ne soit pas aussi probable qu'il en a l'air.

Mais alors pourquoi un tel succès au point d'avoir remporté le pouvoir dans certains pays ?
Etudions cela du point de vue d'un jeune fils d'ouvrier français. Appelons-le Jean. N'est-il pas vrai que le fils de riche du centre ville aura plus de chance que lui de "réussir dans la vie" et d'occuper un poste socialement haut placé ? Le jour où ce jeune homme fait son entrée sur le marché du travail et voit des postes intéressants confiés à des immigrés acceptant une rémunération moindre, n'est-il pas en droit de penser que l'immigration le maintient au chômage ? J'ai déjà du mal à digérer qu'il ne reste plus de pizza quand je vais manger au RU de ma faculté parce que les lycéens d'en face les ont toutes commandées, il m'est donc aisé d'imaginer à quel point, cette situation transposée sur le terrain de l'emploi, il doit être facile de sombrer dans la colère, voire dans la haine, particulièrement si notre ami Jean n'a pas particulièrement été éduqué aux valeurs de "tolérance" (Dieu que ce terme est inadapté) comme je l'ai été.
Evidemment, Jean ne tiendrait pas compte ici de la globalité du tableau, par exemple du fait que si, à force d'efforts et de sacrifices, il finissait par se hisser dans de plus hautes couches sociales, il trouverait inadmissible de ne pas pouvoir faire profiter sa progéniture de sa réussite. De même, il ne s'attarderait sans doute pas longtemps à étudier toutes les "conséquences positives" (dont l'ampleur reste, certes, difficiles à établir et à étudier) de cette immigration, ni à s'attendrir sur le sort du jeune immigré qui lui a piqué son poste et qui en avait sans doute un besoin au moins aussi pressant.
Accaparé qu'il est par ces contrariétés personnelles, aussi importantes qu'elles soient et légitime que soit son inquiétude, il aura facilement tendance à se tourner vers les solutions simplistes (destitution de la bourgeoisie, fermeture des frontières...) proposées par les populismes d'un bord ou de l'autre, sans s'intéresser plus que cela à l'intérêt général de la société dans son ensemble.
Il faut ajouter à ce type de phénomène la lassitude face à un pouvoir modéré en place qui, étant donné qu'on n'a pas encore découvert le système parfait, essuiera fatalement un certain nombre d'échecs et de déconvenues, débauchant l'électorat (ou les insurgés révolutionnaires en puissance) vers les alternatives offertes par les extrêmes, qui ne se priveront pas de critiquer avec aisance le système en place au moindre travers.

Mais plus dangereuse même que les débâcles économiques prévisibles en appliquant les principes considérés, même par de nombreux spécialistes, comme économiquement aberrant, la pire des conséquences de l'instauration de ce type de système est sans doute que chacun tend plus ou moins inexorablement, et par des mécanismes différents, vers l'établissement d'un pouvoir dictatorial.
En effet, le communisme préconisant un aplatissement des rémunérations, le système de motivation à la productivité et à l'efficacité "à la carotte" - par ascension sociale - de nos systèmes capitalistes serait mis complètement hors-circuit, nécessitant ainsi un système de punition "au bâton" et donc une autorité forte. Cette évolution logique pour conserver un niveau de production de richesse nationale décent (surtout si on prend en compte une forte baisse du temps de travail par exemple) nous mène à un pas, vite franchi, des camps de travaux forcés dont l'Histoire nous a trop souvent prouvé qu'ils n'étaient pas qu'un scénario catastrophe fantaisiste.
Le danger de l'autoritarisme nationaliste est plus lié à la tradition conservatrice même des revendications de l'extrême droite, qui se traduisent quasi-immanquablement par l'exigence d'une autorité étatique forte et d'un régime basé sur le maintien de l'ordre établi. Cette tendance est exacerbée dans les pays à tradition royaliste où les nostalgique de la monarchie se tournent naturellement vers le nationalisme.
Ce processus d'autoritarisme croissant met en péril le principe même de démocratie - ce qui est difficile à accepter pour tout républicain convaincu et impossible à avaler pour un amoureux de la Liberté tel que moi - rendant tout retour en arrière particulièrement ardu en cas d'échec de la politique choisie. Est-il réellement besoin de rappeler ici les conséquences qu'ont pu avoir sur notre Histoire les dictatures de l'un ou de l'autre extrême ?

Bref, je n'ai pas encore fini de taper sur le populisme, notamment sur le communisme, sur lequel il me reste encore beaucoup de choses à dire, mais puisse la mise en lumière de tous ces points qui rapprochent tellement les deux extrêmes ennemis amener certains de leurs partisans respectifs à revoir leurs positions.

mardi 26 août 2008

Principes

L'idée développée dans un article précédent (Tout et son contraire), qu'il n'existe pas de vérité absolue démontrable, du moins en ce qui concerne les concepts moraux, nous renvoie à un des problèmes majeurs de l'humanité : la distinction entre le bien et le mal.
En effet, si rien n'est démontrable et si c'est à moi de choisir ma propre vérité, qu'est-ce qui m'empêche de la choisir comme elle m'arrange, sans tenir compte de la morale ou du bien-être de ceux qui m'entourent. D'ailleurs comment définir cette "morale".

Tu auras remarqué, pour peu que tu te sois adonné d'une manière ou d'une autre aux affres de la vie en société, que nous avons tous une vision différente de ce qui est bien ou mal. Que ce soit lors d'une bagarre, d'un divorce ou tout simplement d'un désaccord sur un sujet quelconque entre deux individus, on trouvera bien souvent sans mal des partisans à l'un et à l'autre des deux opposants. Chacun de ces alliés justifiera le point de vue ou la situation de celui dont il a pris le parti par toutes sortes de jugements moraux basés, outre ce qu'il a envie de prendre en compte et les éléments apportés à sa connaissance, sur sa propre conception du bien et du mal.

Certes on a mis en place des lois qui sont censées définir les torts de manière formelle, mais aucun de nous n'est totalement en accord avec elles, sans compter que les différents états existants ne sont pas eux-même d'accord sur toutes les lois, puisqu'ils en ont tous des différentes.

Alors comment concilier le fait de penser par soi-même avec une conception du bien et du mal qui ne soit pas opportuniste ? Mon avis sur la question est qu'il faut tout simplement se définir des principes.

Ainsi, ce qui fait de soi quelqu'un de bien, c'est la manière dont on est apte à suivre certains principes, à mettre de côté son opportunisme et ses pulsions passagères pour rester une personne fiable et affirmer sa fidélité envers certaines valeurs.
Un principe est quelque chose d'inviolable, de sacré. On ne transige pas avec un principe, on ne fait pas de compromis. Plus que l'altruisme (qui n'est finalement qu'une honorable façon de faire coïncider nos désirs avec ceux des autres), c'est la seule chose qui fait de soi quelqu'un de fiable, quelqu'un d'intègre, quelqu'un de bien. Parce qu'agir en suivant sans la moindre faille ses principes, c'est le seul moyen d'être sûr qu'on n'agit pas égoïstement en suivant bêtement ses instincts et ses désirs, comme le ferait n'importe quel animal. C'est le seul moyen de se comporter réellement en Homme.
Voici mon principe élémentaire, duquel découlent tous les autres :

Quand quelqu'un qui ne t'a jamais trahi t'accorde sa confiance, montre t'en digne ou fais-lui savoir immédiatement qu'il ne peut pas compter sur toi sur ce point.

Les corollaires de ce principe sont nombreuses :
-Ne dérobe rien à quelqu'un qui a des raisons de croire qu'il peut avoir confiance en toi (un ami) et que tu n'as pas détrompé, qu'il s'agisse de sa propriété physique ou morale (de sa voiture ou de la fidélité de sa nana).
-Sois fidèle à ton partenaire à moins de lui avoir signifié que tu ne le serais pas.
-Ne fais pas spontanément de promesse que tu n'es pas sûr de pouvoir tenir.
-Si quelqu'un se confie à toi et te demande de ne rien répéter, ne répète rien à moins que ça ne viole la confiance que quelqu'un d'autre avait déjà placé en toi et que tu avais accepté. Mais si tu dois le répéter, préviens la personne qui s'est confié à toi.
-Si, pour une raison ou pour une autre, tu préfères ne plus tenir un engagement que tu as pris, tu dois prévenir la personne concernée et obtenir son assentiment.
-Si tu ne peux absolument pas tenir un engagement (question de vie ou de mort ou alors si tu as pris involontairement deux engagements contradictoires), tu dois prévenir la personne concernée.
-Si un ami a besoin de toi (j'insiste sur le terme "besoin") et que tu peux l'aider, fais-le, sans toutefois compromettre tes principes.

Si tu veux que je puisse éprouver un réel respect à ton égard, il faudra que tu aies toi aussi des principes inviolables auxquels tu te tiens. Si tu veux acquérir ou conserver mon amitié, il faudra que tu respectes ce même principe sacré et inviolable, au moins à mon égard. Si tu veux que je n'applique pas du tout ce principe à ta personne, il te suffit de trahir ma confiance une seule fois, mais c'est irrévocable.

Évidemment, j'ai d'autres lignes de conduite qui sont assimilables à des principes sans en être, dans la mesure où elles ne revêtent guère ce caractère inviolable. Elles peuvent difficilement être suivies sans exception dans la mesure où il est aisé de les violer involontairement mais sont néanmoins importantes et je fais de mon mieux pour m'y tenir au plus près :
-Ne nuis pas et ne te mets pas sciemment dans une situation où tu risques de nuire à autrui.
-Si tu sais avoir mal agi, sache aussi en assumer la responsabilité; si tu sais que quelqu'un a bien agi, sache également lui en attribuer le mérite; si on t'attribue un mérite que tu sais ne pas avoir, rejette-le.
-Ne demande pas une permission si tu n'es pas prêt à accepter une réponse négative.
-Évite tout mensonge qui ne serve que ton seul intérêt personnel.
-Ne sois pas agressif, violent ou blessant sans raison.
-Ne dis rien sur quelqu'un dans son dos que tu ne sois disposé à lui répéter en face.
-Ne porte pas de jugement péremptoire sur un litige opposant deux personnes que tu connais sans avoir les deux versions.
-Même sans y adhérer ou t'en attendrir, tente toujours de comprendre le point de vue des autres.
-Laisse-toi guider le plus possible par ta raison.
-Ne t'apitoie pas sur ton sort; relativise en te disant qu'il existe toujours des gens qui auraient plus de raisons que toi de le faire mais qui savent garder la tête haute.
-Ne fuis pas un combat (physique) d'égal à égal s'il est justifié, ne te bats pas à plusieurs contre un et n'utilise pas d'arme si ton adversaire n'en dispose pas.
-Rien ne t'oblige à appliquer une seule de ces règles à quelqu'un qui ne les applique pas envers toi, mais mieux vaut le faire quand même dans les cas où ça ne peut pas te nuire.
-Toute vérité est bonne à entendre, toute connaissance est bonne à amasser; néanmoins tout le monde ne pense pas ainsi et tu dois accepter qu'on ne veuille pas t'apprendre ni apprendre de toi (qu'il s'agisse aussi bien de connaissances culturelles ou de savoir-faire techniques que de confidences ou de ragots).
-Occupe-toi de toi par toi-même; ne reproche pas à quelqu'un de ne pas t'aider s'il n'en a ni obligation, ni intérêt, à moins qu'il ait une dette envers toi sur un point en rapport avec l'aide que tu lui demandes.
-A contrario, quand tu demandes de l'aide, n'oublie pas qui rend service à qui : ne mets pas de bâtons dans les roues à celui qui te dépanne et collabore avec lui dans la mesure du possible.

J'ai dû en oublier pas mal, je tâcherai de les rajouter au fur et à mesure que je m'en rappellerai (je sais, ça ne parait pas sérieux mais c'est en réponse à une situation précise que j'applique telle ou telle ligne de conduite, et en sortir une liste exhaustive hors contexte n'est pas chose aisée).
Vivre toute ma vie sans trahir ces convictions est une condition nécessaire et suffisante pour que je puisse me regarder dans un miroir en me disant que je suis quelqu'un de bien. Si j'ai des enfants et que j'arrive à leur transmettre ces directives et la discipline nécessaire pour s'y tenir, j'estimerai avoir réussi à servir à quelque chose en ce bas monde.

mardi 19 août 2008

Moment d'humilité

Notre monde recèle tellement de richesses.

Il existe plus de sciences que je ne pourrais en étudier, plus de livres que je ne pourrais en lire, plus de paysages que je ne pourrais en contempler, plus de plaisirs que je ne pourrais en savourer, plus de gens que je ne pourrais en rencontrer, plus de régions que je ne pourrais en visiter, plus de phénomènes que je ne pourrais en appréhender, plus de mets que je ne pourrais en goûter, plus de jeux que je ne pourrais en jouer, plus de mots que je ne pourrais en prononcer, plus de langues que je ne pourrais en parler, plus d'images que je ne pourrais en observer, plus de musiques que je ne pourrais en écouter, plus de sports que je ne pourrais en pratiquer, plus de femmes que je ne pourrais en aimer, plus de possessions que je ne pourrais en amasser, plus de films que je ne pourrais en regarder, plus de communautés que je ne pourrais en fréquenter, plus d'outils que je ne pourrais en utiliser, plus de combats que je ne pourrais en mener...

Ce genre de constat est une source inépuisable de frustration, de réjouissance, et surtout d'humilité. J'imagine que personne ne m'en voudra d'en manifester un peu pour changer.

lundi 4 août 2008

Et si on parlait de moi ?

Je viens d'effectuer deux tests de personnalité et les deux résultats, étonnamment similaires, m'inspirent quelques réflexions concernant ma petite personne que j'aimerais partager avec toi.

Tu es en droit de te demander ce qui peut bien me pousser, après tous ces mois de silence, à revenir ici t'assommer de mes soporifiques velléités d'introspection alors même que je m'étais engagé à ne point trop m'étaler sur le récit de ma propre petite vie.
Moi-même, je dois avouer que je ne suis pas sûr des raisons qui me poussent.
Bien sûr je pourrais prétendre que j'ai peur d'oublier ma pensée avant de l'avoir formulée, que je n'ai personne sous la main à qui la confier et qu'après tout, ça revient moins cher qu'un psy et que quand on a envie de s'entendre parler, on peut bien se contenter de se regarder écrire.
Mais peut-être aussi cette soudaine poussée de volonté autobiographique est-elle liée à la cause même de mon si long silence en ces pages. Peut-être me suis-je rendu compte du ridicule et de la vanité de ma démarche en étalant publiquement ici mes idées faciles, mes bons mots et mes pensées intimes. Peut-être ai-je enfin fait le deuil d'un blog visité et intéressant qui que ce soit d'autre que moi, où l'emploi de la deuxième personne aurait eu une raison d'être autre que la pure rhétorique. Si la première phase de ce deuil fut le désintéressement, occulté de manière assez pratique par l'excuse d'un manque de temps ayant entrainé une perte du réflexe de venir ici noter mes excentriques raisonnements périodiques, la seconde en est sans doute de finir par le considérer enfin comme ce qu'il est et le traiter comme tel : comme le fond du tiroir où vient s'échouer ma plume pour mon propre et seul plaisir, et non pour l'hypothétique appréciation d'un lecteur improbable égaré en ces pages et nouvellement pétri d'une admiration aussi béate que naïve à mon endroit.

Bref, pour en revenir à mes tests de personnalité et aborder la partie de cet article qui ne présenterait réellement aucun intérêt, même pour un mythologique lecteur régulier de mes tribulations bloguesques, je suis troublé. Il s'avère que deux tests relativement différents et d'origines distinctes, chacun débordant de prétentions socio-philo-psychologiques sous-jacentes, me diagnostiquent en gros la même personnalité.

Pour faire court, ils me servent grosso modo le profil type de l'intello associal.
Je serais quelqu'un de très curieux, analytique, éprouvant un fort besoin de comprendre et de décortiquer un peu tout ce qui l'entoure. Jusque là, je suis plutôt d'accord et, en un sens, presque flatté. Ces résultats vont même jusqu'à m'accuser d'une certaine autosatisfaction, d'une distance émotionnelle et d'un rejet de l'autorité qu'une analyse se voulant honnête m'a bien forcé à déceler en moi.
Là où ça se complique, c'est quand ils veulent explorer mon comportement social, me décrivant volontiers comme un reclu, poussant même le vice jusqu'à prétendre que je préfère écouter plutôt que de parler, que je n'aime pas me mettre en avant, que je suis avare de mes connaissances et de mes observations et que je devrais apprendre à mieux communiquer et à m'exposer un peu plus.

Là je m'insurge ! La démarche de quelqu'un qui va faire ce genre de test n'a-t-elle justement pas pour objet de s'écouter parler, comme lorsqu'on va chez un psy ou qu'on écrit un bouquin, un article ou encore un blog ? Tous ceux qui me connaissent savent sans doute qu'il s'agit là d'un de mes gros défauts, découlant comme la plupart des autres de mon égocentrisme flagrant, de vouloir sans arrêt qu'on s'intéresse à moi. Sinon pourquoi aurais-je créé ce blog pour ensuite m'en détacher dès lors que je me suis rendu compte qu'il n'intéresserait personne durablement ? Pourquoi m'efforcerais-je, comme toi sans doute, d'élever la voix en soirée dès que j'ai l'impression d'avoir quelque chose de vaguement intéressant à dire ? Pourquoi me donnerais-je tant de peine à contredire ouvertement ceux avec qui je suis en désaccord, ou à renseigner ceux qui me demandent mon avis ? Ces tests n'ont-ils donc pas vu tout l'orgueil dont devaient regorger mes réponse, à peine camouflé sous un nuage de curiosité et ma sempiternelle distance émotionnelle ?

Quelque part on a quasiment tous besoin d'attirer l'attention. Peut-être en ai-je un peu plus besoin que les autres, ou peut-être l'avoué-je tout simplement plus facilement. Quoiqu'il en soit, je dois reconnaitre que de tous les défauts dont je m'avoue être affublé, c'est sans doute celui que j'ai le plus de mal à assumer et qui me procure le plus de honte, peut-être à cause justement de sa déplorable banalité.
Le serpent se mord encore une fois la queue. L'originalité est devenue un tel garant de l'intérêt d'une personne que nous cherchons tous à l'atteindre. Du coup, rien n'est plus commun que de vouloir être unique, et cette seule volonté suffit à nous maintenir dans notre fadaise. De même que j'ai dû me rebeller contre ma rébellion, vais-je devoir en son nom tourner le dos à ma recherche de l'originalité et de l'intérêt d'autrui ?
Fort heureusement non, car cette banalité est un moindre mal face au réel drame des sociétés humaines, où bon nombre de simili-individus s'acharnent encore à se fondre dans la masse et n'ambitionnent qu'à tout faire comme le voisin en une attitude à la source même de l'immobilisme qui a miné notre progrès et décoré les plus sombres heures de notre Histoire.

lundi 23 juin 2008

La responsabilité individuelle

A l'époque où la technologie, un système d'assistanat social plus ou moins bien huilé et le culte de l'enfant-roi s'unissent pour persuader l'Homme que tout lui est dû, il devient de plus en plus délicat de confronter celui-ci à sa propre responsabilité. D'ailleurs on cherche à apprendre à nos enfants à devenir des gens responsables alors même qu'on a perdu le sens de ce mot.

Comme tu le sais, tous nos actes, aussi insignifiants ou involontaires soient-ils, ont des conséquences. Tu dois également le savoir, les conséquences positives de nos actes forment ce qu'on désigne comme nos mérites. En revanche ce que tu oublies sans doute trop souvent, c'est que les conséquences négatives, quant à elles, forment ce que l'on appelle notre responsabilité, en d'autres termes ce qu'on devrait assumer quand on a merdé et qu'on essaie toujours de minimiser.

Ça n'a de toute façon jamais été bien facile d'assumer nos échecs, nos mauvais choix et nos limites, surtout face au regard de ceux qui nous jugent et de ceux à qui ils ont fait du tort. Ça nous angoisse tellement qu'on fait en sorte de l'oublier en s'arrosant les uns les autres de formules sympathiques de type "T'y es pour rien", "Si seulement il n'y avait pas eu..." ou encore "tu as fait ce que tu as pu". Reconnais-le, quand tu merdes, de celui qui te console avec du "C'est pas ta faute" et celui qui te met le nez dedans avec du "Bah ouais, t'as merdé t'assumes, normal", lequel considères-tu le plus facilement comme un véritable ami ? Au final, à force de ne se dire les uns aux autres que ce qu'on veut entendre, on se complaît dans l'entretien mutuel d'une certaine médiocrité – phénomène sur lequel je ne manquerai d'ailleurs pas de revenir.

Ainsi, si tu te plains de te mettre en quatre pour garder ton poste, dont ton salaud de patron subordonne le maintien à des efforts au-dessus de ce qu'il demande aux autres, je serai un enfoiré si je te rappelle que c'est toi qui opères finalement l'arbitrage, et qu'au final tu choisis par toi-même de céder à sa pression parce que tu estimes que ce qu'il t'offre en échange a plus de valeur que ce que tu lui cèdes. Mais pire encore, le jour où tu voles, où tu casses, où tu caillasses une voiture de police, où tu brules un bus, si je m'aventure à nier que ta responsabilité est dégagée puisque la nécessité de ta condition t'y a conduit inexorablement, je deviens inévitablement un sans-cœur, ou au moins un sale privilégié ignorant du point auquel la vie est dure.

Élargis un peu ce raisonnement, ajoutes-y une pincée de philosophie marxiste, assaisonne avec du discours anarcho-communiste sauce Kropoktine et fais lever à la sociologie bourdonienne, et tu obtiendras l'essence du socialisme angélique : la négation de la responsabilité. L'individu est déterminé par – selon le discours – son milieu social, l'organisation des processus de production, ou encore l'autoritarisme pervers et aliénant de la société bourgeoise. Peu importe le déterminant (ils se recoupent tous), l'essentiel c'est qu'à moins d'être patron, juge ou geôlier (et donc coupable), l'individu ainsi déterminé n'est jamais considéré comme responsable du mal qu'il cause. Et par là-dessus, on t'invente un concept de liberté réelle, ou positive au choix, où ma liberté et ma propriété ne sont plus un frein aux tiennes, ou encore où la vraie liberté c'est le bien obligatoire et le mal interdit. Bref, tous les glissements sémantiques sont permis pour enterrer pour de bon cette responsabilité bien gênante.

Et force est de constater que ça fait son chemin dans l'opinion. Jusqu'aux États-Unis, on invoque de plus en plus exclusivement la responsabilité collective, le prétendu devoir pour l'État de décharger les citoyens de tous les risques qui pèsent sur lui. Le système s'auto-entretient. Plus l'individu est couvert et déresponsabilisé par l'État-providence, et plus il estime que tout lui est dû, que c'est à lui seul de choisir ce qu'on lui cède et le prix auquel on lui cède, qu'il s'agisse d'un emploi, d'une assurance, d'une subvention, d'une inscription à l'école pour ses enfants, d'un billet de théâtre, etc. Et avec la nécessité de supporter par soi-même les risques inhérents à sa propre action et à sa propre existence, c'est le droit de choisir librement cette action qui périclite, illustrant ainsi à quel point liberté et responsabilité ne sont que les deux faces d'une même pièce. Nous subissons le règne de la réglementation débonnaire, du vivre-ensemble obligatoire, de la solidarité forcée. Je m'étonne encore de la détermination enthousiaste qui semble régler le pas de la multitude en cette lente marche forcée dans laquelle elle m'entraîne vers une énième tyrannie utopique.

J'ai perdu ma naïveté. Je sais désormais que la plupart des gens ne souhaitent rien plus que se décharger de leur responsabilité, s'enfermant dans l'enfance et l'obéissance à un État-papa qui prendra sur lui d'assumer le danger, l'éducation et ses ratés ou encore la création de richesses, édictant fatalement ses propres règles dans ces buts. Et d'ailleurs, loin de moi l'idée de leur refuser cette ultime liberté qu'est celle d'y renoncer. Mais de grâce, qu'ils me rendent la pareille ! Qu'ils me laissent reprendre la mienne, et supportent leur responsabilité collective entre eux, entre irresponsables volontaires et consentants ! Rendez-moi mon contrat social, je vous garantis que ma signature est un faux !

vendredi 13 juin 2008

Bien fait !

Haha, les Irlandais ont dit non au Traité de Lisbonne. Et bah c'est bien fait !! Si ça pouvait apprendre à nos dirigeants à ne plus insulter la souveraineté démocratique de leurs électeurs en tentant de faire passer en douce à l'Assemblée un projet qui a été publiquement refusé par l'ensemble de leur population lors d'un référendum six mois avant...

J'ai d'ailleurs un peu de mal à comprendre qu'on ne se soit pas formalisé plus que ça quand Sarkozy s'est ouvertement foutu de nous avec cette histoire de traité soi-disant simplifié. Et pourtant j'avais voté Oui au premier référendum, mon indignation n'a donc ici rien à voir avec de l'antieuropéisme primaire.

Bref, un pas en arrière pour l'Europe, c'est pas la mort, on a tout le temps pour la construire; et même si ça ne servira sans doute jamais de leçon à notre Président, ça aura au moins apporté un profond sentiment de justice et de satisfaction à ton serviteur, ainsi sans doute qu'à près de 55% des électeurs de notre beau pays.

samedi 26 avril 2008

Blogosphère

Je viens de faire un petit tour sur ce qu'il est à la mode d'appeler la blogosphère. Je sais, jusque-là tu t'en branles et tu as bien raison.
Ce que ça a d'assez "intéressant" pour mériter que je le mentionne ici après un si long silence, c'est que je ne vais jamais visiter de blog. Les raisons en sont diverses, manque de temps, d'intérêt, envie de garder l'initiative, de présenter mes propres idées et pas celles des autres mais aussi grosse tendance à prendre les autres pour des cons et à me dire que leur point de vue est atrocement biaisé, manque de recul et que le mien serait beaucoup plus pertinent et digne de publication.
Ce sont d'ailleurs ces mêmes raisons qui me tiennent éloigné des ouvrages philosophiques et autres commentaires d'actualité dispensés par des journalo-prêcheurs aussi subjectifs que formatés dans les diverses publications politiquement orientées dans lesquelles nombre de mes semblables aux prétentions intellectuelles presqu'aussi surfaites que les miennes vont régulièrement avaler goulument la bonne parole prémachée.

Je me suis promené à droite à gauche, surtout là où on exprimait des idées, des points de vue. Je m'attendais à trouver plus facilement des blogs généralistes ou philosophiques, mais j'ai dû me contenter, pour l'essentiel, de blogs sur l'actualité ou la politique, n'étant qu'assez peu intéressé par le détail de la vie d'adolescents boutonneux pleins de rébellion enfantine ou le compte-rendu des vacances dans le Bas-Poitou de Ginette et Jean-Paul.
J'ai trouvé quelques auteurs talentueux, avec une plume acérée comme je l'aime et un juste dosage de sens critique et d'esprit de contradiction nécessaires à mon appréciation. J'ai aussi parcouru de nombreux blogs très passables, les styles de certains rédacteurs rivalisant dans la médiocrité et l'ennui avec l'indigence intellectuelle dont ils font preuve en recrachant inlassablement les mêmes arguments faciles et les mêmes points de vue inébranlables, sans surprise ni intérêt.

Quoiqu'il en soit, je n'ai dégagé de mon premier vrai contact avec la blogosphère, outre la jalousie envers la multitude de ces chroniqueurs souvent incompétents et pourtant toujours lus, suivis et commentés fidèlement par toute la communauté de leurs semblables, qu'un grand étonnement face au temps que certains doivent consacrer à leurs activités bloguesques.
Tous ces blogueurs assidus, à qui la seule rédaction de leurs articles doit prendre (j'en sais quelque chose) un temps considérable, poussent le vice jusqu'à consacrer les quelques instants qu'il leur reste à papillonner autour de leurs communautés respectives, et même de l'ensemble de la blogosphère francophone.
Ils s'entrecongratulent, s'insultent entre eux, se trollent les uns les autres, le tout dans un fourmillement de vie et de sociabilité qui manque réellement à ce pauvre petit blog isolé. Quels que soient les reproches que j'aie à leur faire, je ne peux qu'être admiratif devant ces communautaires qui se construisent une vie de loisir tournant autour de l'écriture, de la communication, de l'échange de points de vue et de la liberté d'expression.

Tout ça pour dire que je commence à envisager de migrer ce blog vers un autre hébergeur disposant de certains outils de promotion afin de lui donner un peu de visibilité et satisfaire ainsi mon égo démesuré, raison principale qui me pousse à me donner en spectacle de la sorte en exposant publiquement et par écrit le contenu de ma boîte à idées. Peut-être cela allié à l'accalmie dans mon emploi du temps que devrait provoquer l'arrivée des vacances, me donnera-t-il la motivation de reprendre mon rythme de sept ou huit articles mensuels qui a ponctué la période d'euphorie suivant sa création.

mardi 18 mars 2008

Et si nous avions créé Dieu ?

Va savoir pourquoi l'Homme a un jour pensé que son Créateur était énorme et omniprésent, le définissant comme un être gigantesque qui aurait engendré tout le reste à partir de rien.

En fait, au lieu de chercher notre Dieu créateur dans l'infiniment grand, imaginant que notre géniteur nous regardait de haut comme nous regardons des fourmis dans leur fourmilière, c'était vers l'infiniment petit qu'il fallait se tourner. En effet, si nous pouvons observer, nourrir ou tuer des fourmis, nous ne pouvons en aucun cas les avoir créées.

Nous avions tout faux. Notre Créateur n'est pas une entité unique et gigantesque qui a tout généré en un claquement de doigts. Notre Créateur, c'est une multitude de cellules minuscules qui, à force de se reproduire, de se battre pour survivre, d'"apprendre" à se combiner et à travailler en équipe, ont fini par aboutir à la formation d'êtres doués d'un état de conscience qu'elles n'ont absolument aucune capacité d'appréhender, et tout cela sans même le vouloir ou s'en rendre compte.

Nous croyions naïvement que l'échelle de la création marchait du haut vers le bas, qu'un être doué d'une conscience supérieure créait plusieurs êtres doués d'une conscience inférieure, alors que la loi qui régit l'univers est toute autre, et ce depuis le big-bang : le petit crée le grand. Les nucléons forment les atomes, les atomes forment les molécules, les molécules forment les cellules, les cellules forment les êtres vivants.

Et si, en nous combinant, et en travaillant les uns avec les autres, à notre échelle et à notre façon, nous étions nous aussi non seulement aptes mais voués à créer une nouvelle forme de vie ? Un être nouveau à une échelle tellement démesurée par rapport à la nôtre que nous ne pourrions même jamais en concevoir l'existence, doué d'un niveau de conscience si élevé par rapport à nous que nous passerions, en comparaison, pour des petites cellules travailleuses uniquement programmées à certaines tâches simplistes. Et si nous l'avions déjà créé ? Et si nous étions en train de le faire ?

Qui nous dit que cet être ne pourrait pas tout simplement se débarrasser en un instant d'une partie de ce qui le compose, d'une partie d'entre nous, comme quand nous coupons nos cheveux ou crachons n'importe où ? Qui nous dit qu'il ne l'a pas déjà fait ? Que la Terre, ou même l'univers que nous connaissons, n'est pas qu'un bout de rognure d'ongle pourrissant depuis peu sous le lit d'une créature cosmique, sans que nous soyons plus conscients de notre soudaine inanité que nous ne l'étions de notre utilité à l'époque où notre activité avait encore un impact quelconque sur le plan supérieur, aussi infime fût-il.

Et si nous avions créé Dieu ? Pas au sens du Dieu créateur mais de l'être supérieur, tant sur le plan de la taille que du pouvoir ou de la conscience. Voudrais-tu connaître son existence ? Voudrais-tu qu'il connaisse la nôtre ?
Que ce soit le cas ou non, j'aime à constater que cette seule pensée me suffit à relativiser notre grandeur, notre puissance et notre intellect.

dimanche 16 mars 2008

Patriotisme et nationalisme

On entend assez régulièrement ce genre d'expression : "Je suis fier de mon pays", "Fierté nationale"... Même si les répliques de ce type paraissent aisément assimilable à des milieux patriotiques et conservateurs, voire même nationalistes, elles tendent à se généraliser au gré de certaines circonstances, notamment à l'occasion de victoires sportives.
J'éprouve moi-même une volonté que je ne m'explique pas de voir triompher l'équipe qui porte mes couleurs sur le terrain, même dans un sport dont je me fous par ailleurs complètement. Quand il lui arrive de triompher, j'en viens même à ressentir une forme de satisfaction tout-à-fait assimilable à de la fierté.

Pourtant, si l'on venait me demander si je suis fier d'être Français, ma réponse serait évidemment négative.
Tout d'abord parce que j'ai une tendance, certes discutable, à penser qu'on n'a pas à être fier de quelque chose qui ne dépend pas de nous. Mis à part les quelques naturalisés qui ont tout quitté par pure volonté de rejoindre notre beau pays, nous autres Français de naissance n'avons guère le moindre mérite concernant notre nationalité. On n'a jamais demandé à naître Français, et on l'est sûrement restés, pour l'essentiel, par habitude et commodité. Les performances de nos équipes de foot ou de rugby, de nos nageuses ou de nos judoka ne dépendent, sauf cas particuliers (entraîneurs, joueurs...), absolument pas de nous et nous n'avons par conséquent guère de légitimité à nous gargariser de leur réussite.
Deuxièmement, même si je pouvais tirer de la fierté d'une nationalité que je n'ai pas choisie, ce serait plutôt de la honte que je ressentirais à porter les couleurs de mon pays. De quelle France veux-tu que je sois fier ? La France qui a opprimé et ponctionné des décennies durant les habitants de ses colonies africaines et asiatiques ? La France qui, dans sa grande majorité, a courbé l'échine et fermé les yeux devant la puissance et la sauvagerie de l'envahisseur nazi ? La France féodale, qui se déchirait en guerres sans fin dans l'inégalité et la privation de droits la plus totale, commettant les pires atrocités au nom d'une religion dépouillée de tout son sens qui la couvait d'un regard bienveillant ? La Gaule barbare de nos ancêtres pouilleux, opportunément civilisés par l'envahisseur romain ? La France moderne, qui malgré tout cela reste encore assez imbue d'elle-même pour avoir un candidat nationaliste au second tour de ses élections présidentielles à l'aube des années 2000 (et même dès 2007 un président militant si outrageusement pour le patriotisme et l'identité nationale).

Malgré tout, je suis heureux d'être Français. J'aime mon pays. Évidemment, je lui préfère des systèmes politiques plus libéraux, à l'image de la Hollande par exemple; bien sûr, j'envie les climats des plus basses latitudes; effectivement, j'ai un penchant plus marqué pour les grandes étendues sauvages d'Amérique du Nord que pour nos champs ininterrompus de blé, de maïs et de vigne.
Mais à tous ces niveaux, on ne se défend pas si mal. On est une sorte de juste milieu.
Notre économie a su opter pour un libéralisme salutaire tout en faisant figure de précurseur sur nombre de questions sociales et, malgré les difficultés qu'elle connaît ou a pu connaître, elle continue de fonctionner plutôt correctement.
Niveau climat on ne s'en sort pas si mal, l'Océan Atlantique sur notre flanc modérant pour nous la rigueur des hivers et la pesanteur des climats continentaux. On peut en quelques heures de route passer du ski sur sommets enneigés aux plus chaudes plages méditerranéennes.
Quant aux paysages, on n'est quand même pas à plaindre. Entre la beauté, à la fois sauvage et traditionnelle, des montagnes et des villages d'Alsace, la puissance toute paradisiaque des calanques marseillaises, le pittoresque des rivages bretons et le blanc immaculé des plus hauts sommets alpins, la France offre sur un minimum d'espace, une représentativité exemplaire de certains des plus beaux paysages de notre planète.
Même si j'ai beaucoup de reproches à leur faire, j'aime mon pays, le système dans lequel j'évolue et la langue que je parle. Il m'arrive même, dans certains accès d'auto-congratulation toute prétentieuse, de ressentir une certaine fierté de la maîtrise que j'ai de cette dernière et du respect que j'éprouve pour elle.

Je suppose que, dans un sens, cela fait de moi un patriote, même si je ne le ressens pas du tout ainsi. D'ailleurs, je me retrouve tout-à-fait dans plusieurs des valeurs françaises, liberté et égalité (dans cet ordre s'il te plaît) ou encore démocratie.
Mais je ne ressens pas cette fierté et cette solidarité nationale qui va, pour moi, de pair avec la notion de patriotisme. Sauf vraiment dans le cas de la défense contre une invasion sur le territoire nationale, je ne vois par exemple aucune gloire dans le fait de mourir pour son pays, juste de la stupidité. Je ne suis que très modérément préoccupé par notre rayonnement international ou notre puissance diplomatique et militaire. Je n'ai pas spécialement le sentiment que ma nation soit supérieure à d'autres, ou que le Français soit moins con qu'un autre, au contraire. Je veux que mon pays soit concurrentiel afin de garantir à ses habitants (notamment moi et mes proches) l'obtention aisée d'un niveau de vie correct, mais je n'ai aucune ambition concernant le concept galvaudé de "grandeur nationale" par exemple.

D'ailleurs pour tout te dire, j'ai tendance à ressentir un certain mépris envers ceux qui affichent (et encore plus pour ceux qui les ont sans les afficher) des opinions nationalistes.
Attention, je parle bien ici du nationalisme, pas du racisme. Je ne suis pas de ceux qui font bêtement l'amalgame entre les opinions nationalistes et le nazisme ou la haine raciale : si les racistes sont quasi-immanquablement nationalistes, l'inverse n'est pas vrai, et il y a une grosse différence entre penser que les Français doivent passer avant les autres dans leur propre pays et estimer que certaines races sont supérieures à d'autre. Je n'en viens guère jusqu'à m'agacer qu'on diabolise de la sorte une idéologie avec laquelle je suis tellement en désaccord, mais je trouve dommage qu'autant de gens se laissent si bêtement mystifier au point de refuser de voir la différence entre les deux.
En fait, il y a 3 points principaux sur lesquels je suis en total désaccord avec les idées nationalistes : la vanité nationale, l'immigration et l'ouverture au monde.

Je ne peux m'empêcher de croire qu'il faut avoir quelque chose à compenser pour tenir à ce point à la grandeur de son pays, et surtout pour penser qu'une nationalité puisse conférer une supériorité quelconque. Comment peut-on, en essayant d'y réfléchir avec un minimum d'objectivité, être à ce point inconscient des défauts et de la médiocrité de ses propres concitoyens, au point de rejeter la responsabilité de tout ce qui va mal sur les étrangers et l'ouverture au monde qui nous entoure ? Je conçois que ce soit une pensée agréable et rassurante, et qu'il soit nettement plus pratique de se dédouaner de ses propres problèmes en les mettant sur le dos des autres qu'en les assumant. Mais je ne peux comprendre qu'on base toute son idéologie sur une pensée juste parce qu'elle est rassurante, sans prendre le soin de regarder autour de soin et de juger de tous les points sur lesquels elle ne colle absolument pas avec la réalité.

Concernant l'immigration encore, je trouve les positions nationalistes aberrantes. Même s'il semble évident qu'il faut, en pratique et dans une certaine mesure, contrôler l'immigration un minimum, n'oublions pas que notre pays fonctionne en grande partie grâce à elle.
Étant originaire d'une ville industrielle et ouvrière, qui ne tient debout que grâce à ses chantiers navals, je suis bien placé pour savoir qu'une bonne partie de l'industrie française ne subsiste que grâce à la présence d'étrangers, à l'exploitation d'étrangers devrais-je même dire. Les wagons entiers d'ouvriers africains ou d'Europe de l'est qu'on paye une misère pour des conditions de travail déplorables, et à qui on refuse la nationalité et parfois même le billet d'avion pour le retour une fois leur labeur terminé, ces travailleurs sont un facteur sine qua non dans le maintien de la compétitivité de nos entreprises malgré le maintien de minima décents (et encore) pour les Français qui y travaillent. Il y a bien des secteurs où la bonne santé économique combinée à nos belles 35h et à tous nos avantages sociaux ne sont qu'une illusion basée sur l'exploitation de la main d'œuvre étrangère.

Pour ce qui est de l'ouverture au monde, c'est encore un débat vaste et épineux sur lequel j'aurai certainement l'occasion de revenir dans le détail dans un éventuel article ultérieur concernant le libéralisme économique ou la mondialisation.

J'aimerais conclure cet article en rattrapant quelque peu l'ingratitude dont on pourra me taxer en lisant ces lignes. En effet, je voudrais rendre un hommage, éculé mais mérité, à tous ceux qui ont donné leur vie, un bras ou leur visage, pour défendre notre culture, que je chéris malgré toutes ses imperfections, face à un envahisseur brutal et illégitime. Je parle ici évidemment des résistants de la Deuxième Guerre Mondiale, mais aussi des soldats anglais, américains, canadiens et coloniaux, des poilus de la Grande Guerre, des grognards de la guerre franco-prussienne, des chevaliers de la Guerre de Cent Ans... Vous fûtes tous des justiciers du droit international, seuls soldats d'une Histoire bien trop souvent honteuse à avoir combattu pour la légitimité de notre souveraineté nationale, pour une France qui voulait rester française, et qui n'aurait su perdre ce droit par la seule raison des armes. C'est grâce à vous que j'écris ces lignes dans cette si belle langue. Merci.

samedi 15 mars 2008

Mon petit film personnel

On est tous la vedette de son petit film personnel.

Notre perception est toujours égocentrée. Du coup, on accorde tous une importance démesurée à chacun des paramètres de sa vie. On agit sans arrêt comme si les autres personnages n'avaient rien de mieux à faire que de disséquer chacun de ses faits et gestes pour mieux parler de soi entre eux, comme si on était le charismatique Dr House ou la séduisante Ally Mc Beal.
Alors on prépare ses répliques, on soigne son apparence, ou au contraire on se néglige consciemment, on fait tout pour être parfait lors de chacune de ses grandes scènes.
On est convaincu qu'on connaît, parfois même à plusieurs reprises, le Grand Amour digne des plus belles comédies romantiques, ou même que les sentiments qu'on éprouve ont quelque chose d'unique, de grandiose.

La vérité c'est qu'on est presque toujours extrêmement banal.
Quels que soient les choix qu'on fasse, il y a toujours eu des millions de personnes à faire les mêmes avant. Quelle que soit la volonté qu'on mette à l'éviter, on est toujours poussé dans les grandes cases dans lesquelles ces choix, finalement assez limités, nous rangent tous comme des dossiers.
On naît, on va à l'école, on travaille, on meurt. Parfois on se marie, on fonde une famille, mais en vérité, l'amour que l'on porte à sa femme/mari et à ses enfants n'a rien de bien différent de celui qu'éprouve le voisin pour les siens. On peut aussi choisir de rester célibataire, mais on devient une fois encore un des nombreux clichés ambulants qui emplissent cette catégorie.
Même ce qui est pour nous la pire des catastrophes, que ce soit un adultère, le décès d'un proche ou encore une grosse galère financière, même les pires souffrances et les plus grandes joies qu'on éprouve, tous ces évènements ne sont que les manifestations de l'effroyable banalité d'un sort également échu à une pléthore de nos contemporains dont les tribulations sont tout aussi ordinaires et ennuyeuses que les nôtres.

Alors on se persuade, on se convainc qu'on est quelqu'un de spécial, qu'on a quelque chose en plus, ou au moins qu'on n'est pas plus mal qu'un autre. Cette vie est a priori la seule qu'on a, on veut donc à tout prix qu'elle soit grandiose, même si ce n'est que dans l'impression qu'on en a. Du coup, on en déforme sa perception, on s'imagine un peu de couleur par-ci, un peu d'intérêt par-là, une touche de drame et une bonne dose d'émotion.
On s'invente toutes sortes de critères afin de se dire qu'on a bien réussi sa vie, et le jour où on ne les satisfait plus, on en change selon ce qu'on vit ou ce qu'on veut vivre. L'histoire du mec qui se réveille à 40 ans en se rendant compte qu'il a raté sa vie reste un mythe de l'imaginaire collectif, une légende moderne à laquelle on veut croire pour se rassurer sur son sort. Car en vérité, même s'il arrive à tout le monde, à certains moments plus qu'à d'autres, d'éprouver des regrets sur la façon dont on a mené sa vie, on se trouve toujours toutes sortes de bonnes raisons et de "ouais mais moi au moins...".
On se persuade qu'on est fou amoureux, et que cet amour peut être parfaitement réciproque et symétrique, qu'il existe une personne qui est faite pour soi et qu'on a eu ou qu'on aura un jour la chance de la trouver.

Finalement, même si la vie était un film, si la Terre n'était qu'un gros terrain de tournage cosmique, les chances pour qu'on soit la vedette seraient tout de même relativement minces, et, même si c'était le cas, il est fort probable que ce film serait un navet. Mais toi, tu te verrais bien dans quel rôle si tu n'étais pas le héros ? Son meilleur ami ? Sa compagne ? Le figurant à la terrasse d'un café dont on aperçoit vaguement un bout du bras pendant quelques secondes du film ?
Est-ce que tu peux envisager que l'utilité de ton existence toute entière ne se résume qu'à un rôle aussi réducteur ? Cette pensée est assez déprimante, et pourtant globalement c'est à ça que se résume notre vie; il n'y a que pour chacun d'entre nous, voire éventuellement pour une poignée de nos proches, que tous ces détails qui la composent ont une réelle importance.

Mais après tout, ne peut-on pas considérer que c'est justement notre incapacité à assumer la vanité de notre existence qui la rend si belle et si intéressante ? Ou ne nous rend-elle pas au contraire encore plus insipides et pathétiques ? En ce qui me concerne, je crois que mon avis sur cette question complexe va continuer encore quelques temps d'osciller en fonction de mon humeur du jour.

mardi 4 mars 2008

Comportement exemplaire

Pour notre presse, le grand jeu du moment consiste à épier, relater, décortiquer et analyser chacun des faits et gestes de notre plus si nouveau que ça Président de la République. C'est ainsi qu'on a récemment fait beaucoup de bruit autour de ses paroles malheureuses lors du salon de l'agriculture.

Le support écrit ayant pour but le passage à la postérité, où j'ose espérer que cette anecdote aura déserté depuis fort longtemps toutes les mémoires, je vais resituer le contexte. Nicolas Sarkozy, l'actuel Président de la République française, traversait le salon de l'agriculture au pas de gymnastique, entouré d'une cohue de ses administrés qui se pressaient tout contre lui afin de profiter des quelques poignées de main qu'il distribuait alors, comme le veut ce rituel aussi ridicule qu'absurde du bain de foule. C'est alors qu'un de ces nombreux badauds massés, à qui le chef de l'état tend la main, ouvre cet échange courtois :
"-Ha non touche moi pas, tu m'salis.
-Casse toi alors, pauvre con."

Inutile de dire que ça a fait le tour de tous les sites de streaming, de toutes les chaines de télévision et de radio et de tous les journaux en un rien de temps.
L'opposition a hurlé au scandale d'une seule voix, tandis que les pro-Sarkozy comprenaient et soutenaient frileusement la réaction de celui-ci. Des micro-trottoirs de TF1 aux débats entre experts de la com' sur France Info, il était prodigué à chacun un peu de temps d'antenne afin de donner son avis et son interprétation sur les propos du chef de l'état.
Même si je n'en pense pas moins, je ne m'attarderai pas ici à fustiger ce genre de focalisation médiatique inutile alors qu'il y a tant à dénonceen ce bas monde. D'ailleurs j'aurais l'air con dans la mesure où je suis moi-même en train d'écrire un article à ce sujet et où j'ai la ferme intention de donner mon avis sur la chose. Après tout c'est pour ça que je suis là.

Bref tout ça pour dire que je n'ai pas entendu un seul de ces soi-disants experts faire le parallèle avec une autre affaire qui avait, elle aussi, défrayé la chronique il y a peu de temps; les conditions étaient pourtant rigoureusement identiques : des caméras de télévision, un personnage publique important et connu de tous dans un contexte de grande tension et une attitude violente en réponse à une provocation.
Oui, je parle évidemment du fameux coup de boule de Zidane. La position de Sarkozy dans les sondages doit lui valoir en ce moment, une tension et une lassitude comparables à celles occasionnées par une finale de coupe du monde s'éternisant sur un joueur de football à l'approche de la retraite. Le provocateur (on ne me fera pas croire que le badaud du salon était là par hasard et avait un autre but que la provocation) a obtenu ce qu'il voulait dans les deux cas. L'un était sportif, l'autre politicien, l'un a répondu physiquement, l'autre verbalement, et à chaque fois c'est autant la violence de la réaction que le statut du personnage concerné qui choque et divise l'opinion.

Mon analyse est donc la même dans les deux cas.
Ont-ils eu tort ? Evidemment. Aucun débordement violent de ce type en public ne saurait se justifier de la part de ces gens à qui une nation toute entière a offert sa confiance. L'un et l'autre, en tant que sportif et que dirigeant, se doivent d'avoir un comportement exemplaire dans le cadre de leurs fonctions respectives d'une part, et en tant que personnages publiques représentant les valeurs de certaines institutions d'autre part.
Mais est-ce que je les comprends ? Et bien tout-à-fait. Dans un cas comme dans l'autre, j'aurais sans doute réagi au moins aussi violemment, peut-être même plus étant donné le contexte.

L'un et l'autre sont humains et ni le fait de pratiquer un sport mieux que personne, ni celui d'avoir des aptitudes de dirigeant (ou du moins d'arriver à faire croire qu'on en a) ne peut changer quoi que ce soit à notre condition et à notre imperfection.
Bref le sujet a déjà fait couler bien assez d'encre et je ne vois vraiment pas quoi en dire d'autre. Espérons juste que la presse française, ainsi que ton serviteur, sauront à l'avenir se recentrer sur des sujets ayant une importance et un intérêt quelconque.

mercredi 27 février 2008

Les hommes contre les femmes (et inversement)

On a souvent tendance à assimiler bêtement le début du choc des sexes à la montée du féminisme et au raccourcissement des jupes de l'après-guerre. Mais je suis de ceux qui pensent que cette lutte remonte aux prémices de la vie en couple. La raison de cette confusion est sans doute que, jusqu'à une époque récente, les femmes avaient l'intelligence de mener, et bien souvent de gagner, cette bataille en face-à-face, à l'abri des murs du foyer conjugal. Au lieu de cela, elles ont désormais choisi de transformer cette guérilla anodine en une gigantesque bataille rangée à ciel ouvert, nous bombardant en masse de leurs discours culpabilisants d'un politiquement correct tellement sirupeux que la plupart d'entre nous a opté pour la rémission immédiate, laissant à ces dames le soin d'en choisir elles-mêmes les conditions.
En effet, quelle sorte d'odieux machiste oserait contester publiquement aux femmes le pouvoir de définir elles-mêmes les termes de l'égalité des sexes ?

J'entends déjà les objections s'élever et les critiques fuser. Pourtant non, madame, je ne suis pas sexiste. Je suis quelqu'un qui a le plus profond respect pour la différence et qui ne voit dans cette histoire d'égalité des sexes que le miroir aux alouettes qui nous éloigne chaque jour un peu plus de l'harmonie communautaire.

J'en profite pour signaler discrètement que ce sont souvent ceux qui prétendent avoir le plus de respect pour la différence qui cherchent le plus à l'escamoter, voire à la renier purement et simplement. Et bien pas moi, et j'entends bien exprimer ici, comme la Constitution - dont le fait qu'elle ait été rédigée, et fort bien, par des hommes n'a aucun rapport avec mon argumentaire à venir mais me vaut le plaisir d'imaginer le rictus de dégoût qu'une remarque aussi sexiste t'aura sans nul doute inspiré - m'en donne la liberté, tout le ridicule qui entoure cette fameuse lutte contre l'oppression phallocratique.

Je pourrais assez facilement, et je le ferai sans doute dans un article ultérieur, me lancer dans une liste exhaustive et un commentaire rigoureux des nombreuses différences psychologiques et cognitives existant entre hommes et femmes, mais je préfère me concentrer ici sur l'opposition des genres.

S'il est indéniable que, jusqu'à un passé récent, on a toujours refusé à la Femme l'accès aux fonctions politiques et militaires, celles qui comptent dans l'Histoire avec un grand H, il me parait illusoire de s'imaginer qu'elles n'y ont pas pris part, et que les positions de nombre de femmes ou de maîtresses de chefs d'état, ou de maîtres de guerres, n'ont eu sur notre chronologie une influence plus que dominante. Et si on peut effectivement arguer qu'elles n'en ont jamais reçu la reconnaissance, je rétorquerai qu'elles en ont néanmoins obtenu toute la satisfaction sans jamais avoir à en assumer la moindre responsabilité. J'ajouterai même, et on ne me reprochera pas de prendre le risque de surestimer l'intelligence de nos douces moitiés, qu'elles en étaient certainement très conscientes, que cela leur convenait tout-à-fait, et qu'on ne doit qu'aux développements récents de l'apprentissage de l'Histoire dans une école obligatoire les velléités qu'elles montrent aujourd'hui à se mettre en lumière de manière à figurer dans les manuels.

Je ne contesterai pas non plus l'injustice des différences de salaire à poste égal, ni du fait que, pour des raisons physiologiques évidentes, il y a encore aujourd'hui beaucoup plus de violeurs que de violeuses.
Qu'on me dispense en revanche des discours laxatifs sur la mésestimation de l'intelligence des femmes et le scandale de la femme-objet en petite tenue sur les affiches publicitaires.
Que ce soit dans l'art ou la culture populaire, la femme a toujours été le symbole, l'incarnation de la beauté. Il aura fallu quelques milliers d'années pour que Michel-Ange créé un équivalent masculin à la Venus de Milo. Et penses-tu pouvoir me citer un équivalent masculin comparable en notoriété à une Miss France, garante aux yeux du monde de la beauté française ?
Pourquoi cela ne suffit-il pas aux femmes, et pourquoi nous convoitent-elles tant la représentation habituelle, pourtant beaucoup moins ostentatoire, de la sagesse à barbe blanche ? Faut-il donc, mesdames, que vous vous appropriiez absolument toutes les vertus ?

Quant aux préjugés qui veulent qu'aujourd'hui encore, les femmes soient astreintes à une critique plus aisée que les hommes, je demande à voir. S'il est vrai qu'on pointe plus facilement du doigt la légèreté dans les mœurs d'une femme, les hommes ont eux aussi tout intérêt à surveiller leur comportement.
Si les uns comme les autres sont prompts à traiter de pute une femme mettant trop sa féminité en avant, des écarts de comportement comparables vaudront à un homme la qualification, au mieux de faible, et au pire de pédé.
Et voilà que les défenseurs des homos viennent se joindre aux chiennes de gardes pour me fustiger. Comment j'ose insinuer que les désignations de "prostituée" et d'"homosexuel" peuvent être également dégradantes ?
Et bien j'affirme que l'une comme l'autre relèvent d'une connotation également péjorative dans l'inconscient collectif respectif de chaque sexe, tout aussi injustifié pour l'un que pour l'autre. Ce qui fait que ces désignations sont dévalorisantes c'est en fait exactement la même chose : notre bonne vieille morale chrétienne, qui condamne chaque représentant de ces deux castes à brûler dans les flammes éternelles. Et les asso d'homos comme de bonnes femmes seront certainement d'accord avec moi sur le fait que ce genre de considérations culturelles et religieuses, sans justification rationnelle, n'a pas sa place dans une civilisation laïque telle que la nôtre.
Que les femmes qui se plaignent d'être limitée dans leur extravagance vestimentaire et dans leurs attentions envers la gente masculine sous peine de voir leur vertu (d'ailleurs ce mot a-t-il encore un sens de nos jours) remise en question se mettent un peu dans la peau d'un Homme et se demandent si elle aurait plus de marge concernant l'habillement et les manières avant de voir leur sexualité questionnée.

Et puis d'ailleurs, le sexisme n'est-il pas la plus justifiée des ségrégations ?
Il y a beaucoup plus de différences entre un homme et une femme qu'entre un noir et un blanc, un occidental et un oriental ou même un hétéro et un gay, que ce soit sur le plan physique, psychologique et même sur certains points du système de valeur.
Bien sûr, aucune forme d'intolérance face à la différence ne trouve réellement grâce à mes yeux. Mais peut-on encore parler, à notre époque, dans nos pays civilisés, d'oppression de la femme ? Les hommes oppriment-ils vraiment plus les femmes qu'ils ne s'oppriment entre eux ? Peut-être devrait-on juste se rendre compte que ce qu'on taxe d'inégalité n'est en fait que de la différence; une différence de préoccupations, de priorités, de compétences (je ne dis pas ici que l'un est généralement moins compétent que l'autre mais bien que nous ne sommes pas compétents dans les mêmes domaines) qui amènent chacun des deux genres à prendre la place qui lui convient le mieux tout en continuant à trouver l'herbe plus verte en face.

Évidemment, certains passages de cet article sont à prendre au second, voire au troisième degré, comme d'ailleurs beaucoup de ceux touchant à ces sujets sensibles où la médiocrité de mes envolées lyriques et mon effervescence presqu'enfantine dès qu'il s'agit de choquer entrainent souvent ma plume à dépasser ma pensée dans un élan de provocation pas toujours bien maîtrisé. Mais en le relisant honnêtement et sans préjuger d'avance que je suis un sale con outrecuidant, tu te rendras compte que derrière le ridicule et l'énormité se cache un bon fond de vérité.

dimanche 24 février 2008

Intégrité

Dans les divers milieux dits "underground", l'intégrité est sans doute la vertu la plus sacrée et la plus inviolable, le critère le plus absolu de respectabilité.

Seulement l'intégrité c'est tellement abstrait que chacun s'en fait facilement sa propre définition. Pour un tel, ce sera le fait d'aimer sincèrement ce qu'on fait et d'y croire. Pour un autre ce sera de ne surtout pas chercher à se faire d'argent ou à devenir populaire, de rester UG jusqu'à la mort. On pourra aussi prétendre qu'il s'agit de rester le même et de garder les mêmes idées, continuer à tenir le même discours toute sa vie. Je pourrais sans doute, en interrogeant une centaine de spectateurs différents de n'importe quel petit concert de hip-hop, reggae, metal, hardcore ou électro, obtenir une bonne trentaine de définitions totalement différentes du concept d'intégrité; et chacune serait sans doute absolument incontestable selon son auteur. J'aurais d'ailleurs intérêt à les interroger séparément au risque de provoquer nombre de débats aussi houleux qu'interminables.

Je vais te donner mon intéprétation, celle à laquelle moi je m'astreins, comme ça si jamais tu viens à douter de mon intégrité, tu pourras toujours venir ici vérifier si ma définition correspond à la tienne ou si je suis bien, comme tu le pensais, un sale petit con de vendu indigne de ses cheveux longs et de ses tee-shirts noirs. Je vais le faire à ma façon, c'est-à-dire en faisant un roman de 7 ou 8 paragraphes remplis de mots compliqués histoire de t'embrouiller.

Déjà pour commencer, histoire de bouffer un peu de place sur ton écran et un peu de bande passante à ton FAI, commençons par nous intéresser à l'avis du dictionnaire :

Intégrité (nom féminin) :
Etat d'une chose qui n'est pas altérée.
Qualité d'une personne qui ne se laisse pas corrompre.
Synonymes :
1/ honnêteté: conscience, moralité, scrupule, vertu, justice, pureté, probité, droiture, franchise, incorruptibilité, sincérité, fiabilité.
2/ totalité: plénitude, ampleur, épanouissement, force de l'âge, maturité, intégralité.
3/ virginité: pureté.

En ce qui me concerne, je pense pouvoir résumer ma conception de l'intégrité à trois autres notions, dont deux ne sont, à mon grand étonnement, même pas données en synonyme : authenticité, constance et fiabilité.

L'authenticité se rapporte au fait de ne pas mettre en avant ce qu'on n'est pas et de ne pas se renier. Il s'agit d'avoir des goûts et des convictions assez forts pour les montrer au grand jour et ne pas en avoir honte quelle que soit la situation, de faire coïncider son discours avec ses pensées et ses actions. Il ne s'agit pas non plus de donner dans la provocation en affichant publiquement ses aspirations là où elles seront perçues comme ouvertement hostiles, mais d'être capable de les assumer si elles viennent à être mises en avant et de les défendre si elles sont attaquées. De fait, faire profil bas et nuancer (sur la forme) ses propos selon la situation ne porte pas, selon moi, atteinte à l'authenticité, et par extension à l'intégrité d'une personne, du moment qu'on ne va pas jusqu'à se contredire.
Par exemple, je conçois sans problème qu'un militant écologiste préfère ne pas lancer de grands débats lors d'un repas de famille chez ses beaux-parents chasseurs. En revanche, s'il est pris à parti, lors du même dîner, sur la question de ces pédales d'écolo qui doivent quand même bien avoir autre chose à foutre que de venir nous emmerder avec leus salades sur le bien-être animal, il perdrait toute forme d'intégrité en faisant quoi que ce soit d'autre que de révéler et de défendre ses convictions.

Si la notion d'authenticité tient notamment au fait de ne pas se renier publiquement, la notion de constance s'en approche à un niveau privé. Chez celui qui manque d'authenticité, on constatera un décalage entre le discours et les convictions. Celui qui manque de constance préférera tout simplement changer de point de vue selon son intérêt. C'est ainsi qu'on verra un homme fondamentalement carnivore se vouer au végétarisme le plus sincère pour séduire une ravissante collègue de travail, ou une jeune fan de hip-hop troquer ses survet' pour des bracelets en cuir à cause du sourire d'un jeune chevelu. C'est également la constance qui fait défaut à celui qui change de style et de discours à chaque fois que le vent tourne.
Ma vision de la constance est à ne pas confondre avec l'immuabilité, en ce qu'elle accepte tout-à-fait le changement. Mais quand il s'agit de notre façon d'être, de penser, de nos goûts et de nos convictions, ce changement doit être le résultat d'une longue réflexion la plus objective possible et d'une vraie remise en question. Cela ne se fait pas en un jour, et ça doit être vraiment profond, en aucun cas poussé par quelque intérêt passager et frivole comme une mode, une amourette ou la recherche d'une certaine popularité. Les changements radicaux trop rapides ou nombreux, aussi sincères qu'ils soient, sont le signe soit d'un manque de force de conviction, soit d'un coup de tête passager tous deux incompatibles avec ma vision de l'intégrité.

Enfin, la fiabilité découle des deux premières notions, et est selon moi la clé, l'intérêt de l'intégrité. Quelqu'un d'intègre est quelqu'un sur qui on peut compter, s'appuyer, quelqu'un de fiable. On ne peut se fier à quelqu'un lorsqu'il y a un décalage entre ses convictions et son discours ou ses actes, pas plus qu'à quelqu'un qui change de façon d'être comme de chemise.

En revanche, je préfère croire l'intégrité dissociable de la stupidité; c'est pourquoi j'exclus de ma définition des concepts tels que l'immuabilité, l'allégence, l'endoctrinement ou le formattage, qui sont pour moi incompatibles avec la liberté de pensée nécessaire à tout individu désireux de rester maître de sa propre intelligence.
La capacité de se remettre en questions de temps en temps et de penser par soi-même m'apparait en effet comme un important critère de fiabilité, et donc d'intégrité.

dimanche 10 février 2008

Musique, goûts et couleurs

Je suis réellement fasciné par les effets qu'une simple série de sonorités disposées plus ou moins en rythme peut avoir sur nos petits cerveau de mammifères. Elle influe sur notre humeur, nous poussant, selon les cas, aussi bien aux larmes qu'à l'euphorie. Elle modifie totalement nos perceptions, allant jusqu'à se faire un de nos plus puissants outils de séduction. Les plus férus d'entre nous en viennent à lui consacrer leur vie entière, courant de concerts en studios de répétition et investissant chaque denier dans du nouveau matériel hors de prix.

Bien sûr, je pourrais dire ce genre de choses d'un peu n'importe quel art, mais aucun n'a rencontré un succès aussi écrasant et une progression aussi constante que la musique. Elle est omniprésente, poussant même le vice jusqu'à s'immiscer dans la plupart des autres domaines artistiques. Il est désormais extrêmement peu courant d'être spectateur d'un film, d'une pièce de théatre ou même d'un vernissage sans que le tout soit accompagné d'un fond musical.

Bref, même les sourds en conviendront, la musique est partout et tout le monde le sait, ces deux paragraphes de lieux communs bloguesques n'auront donc servi qu'à aiguiser ma plume et émousser ton intérêt.

Le point sur lequel les auto-proclamés hommes de goût ont beaucoup plus de peine à s'entendre, c'est la détermination de sa qualité. En effet, en y prêtant attention, tu finiras fatalement par entendre dans la bouche de n'importe quel mélomane, qu'il soit dilettante ou confirmé, ce genre de phrases : "ce groupe est pourri", "ce morceau est génial"... Ce qui, pour peu que ledit mélomane soit en présence d'un confrère d'un avis différent, voire opposé, provoquera forcément un débat ridicule et prévisible au terme duquel le défenseur du groupe/morceau/artiste finira presqu'inévitablement par taxer l'autre d'intolérance ou de fermeture, et ce à la seule fin de se garantir une victoire facile (comprendre "dernier mot" pour "victoire" et "sans honneur ni mérite" pour "facile").

Il est vrai que la réponse à de si basses et calomnieuses attaques n'est pas évidente à produire dans le feu de l'action, sous le coup d'un certain délais de réponse avant que le sujet ne se soit éloigné du débat (ou le débat éloigné du sujet, au choix). C'est pourquoi je me suis décidé à publier ici une réponse que j'ai produite exprès à l'intention de ces indignes vilipendeurs de la pensée critique. J'encourage vivement le libre-penseur qui, j'ose l'espérer, ne sommeille pas trop profondément au fond de toi, à la réutiliser chaque fois qu'il en aura l'intérêt.

Tout d'abord, le premier argument traditionnellement employé est le si politiquement correct "on dit pas c'est nul on dit j'aime pas" que nos chères mères nous renvoyaient déjà à l'âge où nous les vexions en leur retournant en pleine figure ces plats dont toute l'affection portée à la préparation n'améliorait en rien le goût répugnant.
Pourtant la distinction est-elle bien de mise ? Nous parlons bien ici de musique, d'art. Y a-t-il en cette matière un critère absolu de qualité ? La popularité ? La technicité ? L'un comme l'autre seront facilement décriés comme gage de qualité musicale. Existe-t-il un cahier des charges explicitant un quelconque barème de qualité musicale et reconnu comme convention ?
Nenni ! Il s'agit d'art, pas de science, il s'agit de goût, pas de raison. En l'absence de référentiel absolu, on juge la qualité d'une œuvre selon son propre référentiel, sa propre sensibilité.
En ce sens, tout jugement de valeur porté sur de la musique est parfaitement subjectif et n'engage donc que son auteur. Le "c'est pourri" demeure un léger abus de langage mais traduisible systématiquement et sans ambigüité par "mon avis est que c'est pourri", exactement synonyme de l'expression du (dé)goût : "j'aime pas".
L'adepte outragé feindra de ne pas comprendre la portée de cet argument, ou statuera sur le verdict que l'usage d'un tel abus de langage suffit à faire du critique un gros con intolérant. Il convient dans ce cas de lui faire comprendre que de telles pinailleries ne nous effraient pas et que nous sommes nous aussi tout-à-fait capables d'enculer les mouches au moins aussi bien que lui.

Lui ayant déjà consacré un article, je ne m'appesantirai pas sur le concept galvaudé de tolérance. De même que cette dernière, on pointe souvent du doigt l'ouverture, ou plutôt son absence, afin de dénigrer l'un de nos contemporains faisant montre d'un avis divergeant du nôtre. Il faut croire que c'est le lot de toutes les vertus à la mode.
Il conviendra de rappeler à l'intervenant l'utilisant pour nous insulter la définition de l'ouverture d'esprit : "Qualité d’un esprit qui a de la facilité à comprendre, à saisir, qui a de la curiosité, de la largeur de vues." Comme tu peux le constater (et ainsi que j'ai fini par y consacrer un article), cette expression ne désigne en rien le fait d'aimer tout et n'importe quoi, et n'est en aucun cas incompatible avec la propension à avoir des goûts pointus. La notion d'ouverture implique de ne pas rester cloîtré sur notre petit univers, de s'ouvrir sur quelque chose, en l'occurrence l'extérieur, l'inconnu. Elle n'a rien à voir avec le jugement qu'on porte, avec le fait de détester tel ou tel groupe qu'on connaît déjà (même si on les connaît souvent mal : je ne sais pas pour toi mais personnellement je ne me tape que rarement la discographie d'un groupe dont les premiers morceaux me débectent), mais avec le fait d'être curieux et susceptible, d'être intéressé par ce qu'on ne connaît pas.
Ne reste plus qu'à objecter que ça ne te dérange pas plus que ça qu'il ait des goûts de merde, que tu le tolères très bien, et que s'il veut avoir raison il ferait mieux de ravaler ses attaques ad hominem et de trouver des arguments pour défendre sa musique, même s'ils ne seront de toutes façons sans doute pas beaucoup plus pertinents que les tiens pour la descendre.

Bref tout ça pour dire que les goûts et les couleurs, on n'a pas fini d'en discuter, mais j'ose croire que ce n'est pas en s'abaissant à en parler de la façon que notre opposant estime correcte ou en s'échinant à faire comme si on pensait tous pareils qu'on aura raison.

mardi 29 janvier 2008

Libéralisme

Bon, et si on parlait politique, pour de vrai ce coup-ci.
Oui je sais, il était temps, tu l'as pensé tellement fort que je l'ai presque entendu : "Il est bien gentil à nous dire qu'il vote Bayrou et à nous sortir la critique du communisme la plus clichée de l'univers, mais c'est quoi ses idées à lui ?".
Je vais, dans cet article, essayer de poser les bases et rappeler quelques définitions de mes convictions politiques. Tu sauras ainsi à quoi t'en tenir.

En France, patrie des 35h et du Front Populaire, je pense pouvoir être catalogué comme centriste, voire centre-droite ; aux États-Unis je serais sans doute considéré comme démocrate ; en Chine je serais probablement pendu haut-et-court.
Personnellement, je me définis comme un libéral modéré.

Libéral car j'estime que de toutes les valeurs qui peuvent fonder la base de principes politiques, la liberté est la plus importante. Je crois que l'État doit avoir sur nos vies le moins d'influence et de pouvoir possible, que c'est à chacun de se battre pour lui et les siens et de se démerder pour s'en sortir par lui-même, ou aidé des gens qu'il a choisi.
Je crois aux principes de liberté individuelle, de libre concurrence et de libre entreprise. Je veux croire qu'on peut adapter le "laissez-faire" économique pour approcher une égalité des chances.

Modéré car je suis réaliste et conscient des failles d'un système purement libéral. Le libéralisme a besoin d'être encadré, limité, sécurisé (même si plus j'en apprends sur cet encadrement et ses effets pervers, plus je remets en question cette croyance).
Modéré également car j'ai mes propres conceptions de certains principes libéraux qui diffèrent sans doute légèrement de la vision puriste. D'ailleurs, je ne prends aucune doctrine vraiment au pied de la lettre, trop attaché que je suis à prêcher la pensée critique.
Modéré encore car je rejette farouchement tout ce qui peut s'approcher, par la droite ou par la gauche, d'une politique extrémiste. Le nationalisme me rend à peu près aussi nauséeux que le communisme. Je me ferai un plaisir de donner mes raisons (sérieusement cette fois) dans un article ultérieur mais je ne vais pas m'étendre là-dessus.

Bon, vu que tu regardes un peu trop la télé où on te dit plein de conneries, pour toi libéralisme ça doit rimer seulement avec droite, États-Unis, Sarkozy et golden parachute, donc on va revoir un peu les fondamentales.
Étant donné qu'on a affaire à une notion assez complexe basée sur tout un tas de concepts trop nombreux et délicats pour que je les détaille tous ici, je vais faire dans le résumé expéditif ; donc si tu veux te cultiver pour de vrai, je te renvoie au portail du libéralisme sur Wikipedia.

Le concept de base, c'est que l'état doit avoir le moins de pouvoir et d'influence possible, qu'il doit juste assurer les fonctions dans lesquelles il est indispensable (police, armée...). Pour simplifier presqu'outrageusement, un libéral c'est un anarchiste favorable au libre marché et à la propriété privée, et qui, dans l'acceptation classique, accepte qu'il faille quand même un pouvoir, quelques lois et quelques institutions nationales.
En France, le libéralisme se situe plutôt à droite en ce qui concerne les questions économiques et le gros des questions sociales, et à gauche sur tout le reste (sécurité, mœurs, immigration, répression...).
Pour entrer un peu plus dans le détail, le libéralisme repose sur de nombreux principes enchevêtrés les uns dans les autres en une interdépendance qui forme un tout cohérent. Je vais tâcher d'énumérer et de te donner mon interprétation des principaux.

Le premier et le plus important c'est la liberté, plus concrètement les libertés individuelles, aussi appelées droits naturels. Ce sont ces fameux droits naturels qui, après avoir tant fait couler d'encre aux lumières, ont fondé les diverses déclarations des droits de l'homme et qu'on retrouve comme bases de la plupart des vraies démocraties actuelles.
Pour faire simple, ils stipulent que chaque individu devrait être libre de disposer de son corps et de ses ressources pour faire ce que bon lui semble, tant qu'il n'entrave pas la liberté d'autrui. De cet aphorisme peut être déduit l'ensemble des fondements du libéralisme que je m'efforcerai de détailler ici.
Tu comprendras qu'en ce sens, je me gausse narquoisement quand j'entends Sarkozy taxé de libéral après ses "exploits" en tant que ministre de l'intérieur, ou des Américains s'auto-congratulant d'habiter le Pays de la Liberté alors qu'on peut s'y voir interdire, suivant les états et sous peine d'amende, certaines pratiques sexuelles considérées comme étant contre-nature comme la sodomie, ou même certains mots jugés trop vulgaires.

Un autre de ces concepts, auquel on réduit malheureusement trop souvent le libéralisme en général, est l'idée de libéralisme économique. Ce concept englobe notamment la libre entreprise, la libre concurrence, le "laissez-faire" économique (intervention minimum de l'état au niveau de l'économie), le capitalisme (propriété privée des moyens de production) et le libre marché (prix libre fixés par le libre débat entre le vendeur et l'acheteur). L'application dans les grandes lignes de ces principes a posé les bases de l'économie de marché que nous connaissons aujourd'hui.
À tort ou à raison, il s'agit sans nul doute du volet le plus critiqué de la philosophie libérale. Le fait est que le libre marché et le capitalisme ne sont pas sans poser certaines problématiques dans leur application pratique, même si la tendance médiatique est, dans une mesure difficilement appréciable, à la surestimation de la responsabilité du système économique libéral et à l'occultation parfois totale de celle de l'intervention constante et souvent nocive de l'état. Reste qu'à ce jour, aucun autre système n'a su proposer de meilleur levier de création de richesses dans la pratique, et que les quelques tentatives historiques d'application de principes contraires furent généralement désastreuses.

Le troisième principe, auquel je tiens beaucoup, est l'individualisme. Il s'agit tout simplement de donner la priorité au bien-être de chacun des individus sur l'intérêt général de la masse.
On a bêtement tendance à confondre individualisme et égoïsme. Les deux n'ont pourtant rien à voir. Contrairement à l'égoïsme à vue courte, l'individualisme n'implique pas le rejet de la solidarité, juste sa non-obligation. Dans un système libre et individualiste, celui qui s'en sort peut aider celui qui galère, ça ne lui est pas interdit ; ça ne lui est juste pas imposé. Ça ne nous empêche pas de se serrer les coudes entre amis, en familles, d'aider ou d'être aidé de ceux qu'on a choisi. On ne vient juste pas nous ponctionner arbitrairement nos ressources durement gagnées pour assister ceux qui n'ont pas réussi à en obtenir et qui finissent par considérer cela comme un dû.
Notre société a l'air de penser que chacun doit aider l'autre, que ceux qui s'en sortent, qui réussissent socialement et professionnellement dans la vie, ont non seulement le devoir moral et légal d'aider ceux qui ont moins de chance (ou moins d'aptitudes, ou moins de courage) mais devraient en plus culpabiliser de rester plus riches qu'eux.
Je préfère que l'acte de solidarité, voire de charité, reste ainsi un acte positif, preuve qu'on est quelqu'un de bien, plutôt que la normalité et la base. Je préfère que ceux qui s'en sortent puissent avoir la satisfaction d'avoir construit leur réussite par eux-même plutôt que par l'assistanat. Et bien entendu, j'aimerais que ceux qui ne s'en sortent pas ne puissent s'en prendre qu'à eux-même.
L'individualisme est à mon goût le meilleur garant de la responsabilisation et de la performance individuelle.

Le dernier point que je développerai ici, trop souvent négligé voire oublié, est le concept d'égalité des chances. Pour pouvoir vraiment responsabiliser l'individu, qu'il soit réellement garant de ses propres réussites et surtout de ses propres échecs, il ne faut pas que le système lui mette de bâtons dans les roues. Tout comme la liberté et l'égalité absolues, l'égalité totale des chances est une utopie, ne serait-ce que parce qu'on naît tous avec des caractéristiques qui nous avantagent ou nous désavantagent par rapport à nos contemporains (apparence physique, facilités intellectuelles, maladies congénitales...). Néanmoins, on peut tenter de s'en approcher. Mais évidemment, cela demande de lourds compromis sur les autres principes.
La recherche de l'égalité des chances est un facteur décisif de la détermination des rôles de l'état et de la nécessité d'un minimum de socialisation (éducation, santé...) dans un système libéral, et donc un des principaux points de divergence des divers courants libéraux. Tandis que les libéraux de gauche en font un point central, qui pousse même certains à renier l'utilité générale de l'héritage et du don, les anarcho-capitalistes rejettent toute imposition de ce concept par des moyens coercitifs, comme un impôt obligatoire.

Enfin, même si nombre de libéraux appuient essentiellement leurs convictions en la matière sur les droits naturels des êtres humain, mon approche vise uniquement à promouvoir auprès du plus grand nombre la possibilité de l'accès au bonheur. Cela implique de prendre en compte des facteurs autres que purement économiques et objectifs. C'est aussi pour cela qu'il n'existe pas de solution générique à tous les problèmes que nous connaissons, quels que soient la complexité ou les bonnes intentions des principes sur lesquels on s'appuie. Une seule doctrine, qu'elle soit politique, religieuse ou économique, ne peut pas suffire à nous donner toutes les réponses. C'est juste une grande ligne de conduite dont il faut s'inspirer et qu'il faut pouvoir modifier et adapter aux situations concrètes. Mais, dans cette optique, l'intérêt d'un système vraiment libéral se démarque en n'interdisant pas aux individus qui le souhaitent de se soumettre réciproquement à d'autres règles afin de mettre en place, pour ceux qui les auront choisis, d'autres systèmes. Ainsi, dans un système libéral, une communauté de socialistes pourra tout à fait se contraindre, par un contrat librement accepté de tous ses contractants, à une cotisation visant à acquérir des biens publics partagés (assurance maladie, revenus minimums...). En revanche, dans un système socialiste, les libéraux n'auront pas le choix de se soustraire à l'impôt et aux lois contraignantes.

lundi 21 janvier 2008

Rejet de l'intelligence

Tu as déjà dû remarquer le mépris certain dont fait preuve notre société actuelle face à l'essentiel de ce qui pourrait s'approcher d'une manifestation d'intelligence. Tu as d'ailleurs sans doute participé, dès ta plus tendre enfance, à cette lapidation générale en affublant l'un ou l'autre de tes camarades du dégradant qualificatif d'"intello" par exemple.
J'ai d'ailleurs peine à croire qu'un diminutif du terme intellectuel puisse être ainsi employé comme une insulte sans un certain sens du second degré et une quelconque auto-dérision dénotée, comme souvent dans le cas de celui qui utilise un compliment comme une insulte, d'une conscience aigue de ses propres limites. Et pourtant non, dès l'enfance, l'intelligence est honteuse et avilissante, tantôt mise au rebut ou sujet d'humiliation. Ce n'est pas par jalousie qu'on se moque des intellos, c'est juste comme ça, par cruauté infantile, par les mêmes mécanismes morbides qui poussent les moins bien élevées de nos têtes blondes à se moquer d'un handicapé lorsqu'ils en croisent un pour la première fois.

Heureusement en grandissant ça s'arrange. C'est peut-être dû à la maturité, ou tout simplement au fait qu'on finit par séparer les belligérants. Ceux qui avaient un respect, même lointain et émoussé par les railleries, pour l'intellect et la connaissance, se retrouvent massés dans des beaux lycées généraux et les autres finissent par aller un peu où ils peuvent.
Mais laissons de côté les enfants pour le moment. On leur pardonne trop facilement tout et n'importe quoi pour que je m'acharne sur eux plus longtemps. Ce n'est d'ailleurs sans doute même pas leur faute, mais celle des parents de quelques-uns, à qui je ne peux même pas en vouloir. Quand on passe sa vie à trimer sur des chantiers ou dans des ateliers, il n'est en effet pas aberrant qu'en regardant par la fenêtre des bureaux où des pingouins en costard gagnent trois fois notre salaire en semblant ne rien foutre derrière un bureau climatisé, on développe une certaine rancœur, injuste et mal-placée mais terriblement compréhensible, envers le respect de l'intelligence en général. La transmission de ce sentiment à sa progéniture n'est à mon goût qu'une autre erreur tout aussi compréhensible et naturelle, et cet instinct malsain qui pousse tous les enfants à se précipiter sur le moindre sujet de moquerie qui leur tombe sous la main suffit à faire le reste du boulot.
Non, ma cible du jour n'est pas la descendance de la France ouvrière et prolétaire (c'est sans doute aussi valable pour l'Angleterre, l'Allemagne ou les États-Unis mais je prends les exemples que j'ai sous le nez). Ma cible c'est certains de ces jeunes, sinon de mes amis au moins de ma connaissance, a priori issus comme moi d'une classe sociale relativement aisée.

Pour aider à situer le contexte, je dois dire que ton serviteur, peut-être par réaction contre la tendance actuelle, due aux messageries Internet et autres blogueries, qui nous pousse à écrire comme on parle, cherche plutôt à tenter de parler comme il écrit. Cette saine prétention, car un peu d'originalité n'a jamais fait de mal, surtout quand il s'agit de traîter avec le peu de dignité encore dû à son égard notre belle langue française, me vaut couramment de dépasser la limite communément admise dans le vocabulaire courant du français moyen des trois syllabes par mot.

Bref, pour avoir osé employer autour d'un feu sur une plage le terme vaguement scientifique de "gravité", voilà que je me vois lancé un "Ho arrête de sortir ta science!". Et les cinq ou six convives présents de rire de moi de concert pour avoir employé un terme un poil trop intellectuel.
Je suis a priori autant qu'un autre la cible de railleries plutôt plus que moins bon enfant (comme c'était d'ailleurs le cas à ce moment) et je ne m'en offusque pour ainsi dire jamais vraiment. Mais voir cette poignée de mes connaissances, tous bacheliers et engagés dans des études supérieures, tous arborant fièrement de beaux vêtements exotiques ou encore de marque dus au seul travail intellectuel du papa commercial ou avocat et de la maman médecin ou professeur, riant oisivement sur la plage grâce aux années d'étude et à la soif de connaissance de leurs fiers géniteurs, d'un signe même lointain et impertinent d'une vague forme d'intelligence, ça m'a profondément affligé.
Ce n'était pourtant pas qu'un seul d'entre eux n'ait pas compris ce que je voulais dire ou un des mots que j'employais. Qu'est-ce donc que ce foutu mépris qui pousse les gens à paraître en société le plus stupides et le moins éduqués possible ? Comment en est-on arrivés à un tel culte de l'ignorance dans une civilisation pourtant bâtie sur la connaissance ?
Évidemment cet exemple n'en est qu'un pris au hasard dans la longue série de ces évènements, qui savent susciter en moi un énervement et un mépris rarement éprouvés par le quasi-philanthrope que je suis (cf Tolérance), où des individus trouvent judicieux, pour se fondre dans la masse, de se faire passer pour encore plus stupides qu'ils ne sont.

Pour citer Desproges, que ça ne dérangera sans doute pas que je pille son gagne-pain de la sorte sans lui attribuer rétribution, maintenant qu'il est aussi mort qu'un poisson qui nage sur le dos : "La démocratie, c'est quand Lubitsch, Mozart, René Char, Reiser ou les batailleurs de chez Polac, ou n'importe quoi d'autre qu'on puisse soupçonner même de loin d'intelligence, sont reportés à la minuit pour que la majorité puisse s'émerveiller dès 20 heures 30, en rotant son fromage du soir, sur le spectacle irréel d'un béat trentenaire figé dans un sourire définitif de figue éclatée, et offrant des automobiles clé en main à des pauvresses arthritiques sans défense et dépourvues de permis de conduire."

Et bien que la masse des débilitants aille se faire foutre, et avec mes compliments. Ils ne m'enlèveront pas la fierté du peu de savoir et de maîtrise de la langue que j'ai. On ne m'ôtera pas de l'idée qu'il est beaucoup plus glorieux de réfléchir pour faire avancer la connaissance, ou tout du moins apprendre de ce ceux qui l'ont fait, que de marquer des buts sur un terrain de foot, ou de lancer un quelconque trait d'esprit pour se faire mousser dans une conversation. Oui, je suis un intello; non seulement je l'assume mais j'en suis fier, et je t'emmerde.

mercredi 9 janvier 2008

Couple et amour

Élevés que nous sommes à la grande école du romantisme© de chez Disney, on a trop souvent tendance à considérer amour et couple comme indissociablement liés. Je ne parle pas ici des histoires d'un soir, que la libération libidineuse et la gloutonnerie sexuelle de notre époque, que j'encourage par ailleurs, mêlés à une certaine vision de la virilité même chez la femme et à la peur du ridicule auront tôt fait de nous apprendre à éloigner le plus possible du sacro-saint Sentiment. Mais dès qu'il est question de durée et d'engagement, notre civilisation éprouve désormais systématiquement le besoin d'inclure le sentiment amoureux comme condition sine qua non.

Nos ancêtres médiévaux et antiques, de même que certains de nos contemporains régis par d'autres modes de fonctionnement, étaient en effet beaucoup moins imprégnés que nous de cette préoccupation. L'intérêt, la tradition et l'aval familial avaient en ces temps une importance prépondérante dès qu'il s'agissait d'union et de mariage. Je n'ai par ailleurs guère de problème avec notre nouveau dispositif, dont je préfère largement la naïveté mielleuse à l'arbitraire des mariages arrangés des temps passés. Mais elle m'inspire tout de même une réflexion quant aux différents aspects de ce sentiment par définition si abstrait, subjectif et aux manifestations si diverses, ainsi qu'à la place qu'il occupe dans un couple.

Bien souvent, les jeunes gens ne conçoivent l'amour que sous la forme de la passion amoureuse, où l'autre occupe de le centre de leurs préoccupations. Elle peut être à l'origine aussi bien des bonheurs les plus intenses que des détresses les plus douloureuses.
D'ailleurs, même si la passion amoureuse reste à mon goût une expérience essentielle de la vie, les ravages qu'elle occasionne en compensent bien souvent les agréments. On a tous en tête les émois douloureux de nos premières ruptures, ou l'image de ces gens qui s'enferment dans leur couple, se privant progressivement en son nom de presque tous leurs autres plaisirs extérieurs et de leurs amis.
Le quotidien de l'amoureux passionné est d'ailleurs souvent loin d'être si rose : on n'obtient pas toujours de l'autre toute la considération qu'on attend de lui, ou alors on est régulièrement rongé par une jalousie souvent même infondée. Même dans les rares cas où elle fonctionne et apporte réellement du bonheur à chacun des deux amoureux, elle finit presque irrémédiablement par s'effriter. Les préoccupations quotidiennes et extérieures reprennent leur droit, les sentiments évoluent.
La passion amoureuse est un stade important du développement de l'individu. Je suis convaincu que l'expérience qu'on en tire de certains plaisirs et de certaines douleurs nous est très utile dans le reste de notre existence. Mais dans les faits, il vient presque toujours un moment où elle ne suffit plus comme raison d'être à un couple. Les sentiments doivent alors mûrir, se raisonner, entrer dans une autre phase.

Cet autre type d'amour, qu'on conçoit, pour ce que j'en sais, plus facilement en prenant de l'âge, est plus éloigné de la conception romantique. Même si ça reste un sentiment, il prend autant ses racines dans notre raison que dans notre affect. On apprend à apprécier les qualités de l'autre et ce qu'il a à nous apporter, à identifier et supporter ses défauts, à organiser sa vie incluant l'autre, mais pas nécessairement en fonction de lui (ou d'elle).
Certains aspects restent très proche de la passion amoureuse, dont ce sentiment n'est parfois qu'une évolution. On peut toujours ressentir assez fortement la jalousie, être très affecté par le comportement de l'autre ou la peur de le/la perdre. Mais le monde ne tourne plus nécessairement autour de lui/elle, on reste ou on redevient bien conscient de sa propre individualité et de tous ses aspects qui n'ont rien à voir avec cette entité qu'est devenue le couple.
Malheureusement, cette conception aussi a ses revers. Lorsqu'il y a passage de l'état d'amoureux transi à ce rythme de croisière, la transition ne se fait pas toujours au même rythme chez les deux amoureux, pouvant occasionner un réel mal-être au moins chez l'un, voire souvent une rupture. Et même quand la transition se passe bien, il arrive que l'un des deux aille trop loin, qu'aveuglé par sa conception d'un amour uniquement passionnel, il/elle ne fasse plus la différence entre cet état et l'absence d'amour, et délaisse son/sa partenaire. C'est le cas typique du gars qui rompt avec sa nana sans en faire grand cas, puis qui déprime profondément lorsque celle-ci lui trouve un remplaçant. On n'est pas obligé de s'en rendre compte quand on est amoureux.

Selon moi, un couple qui se veut heureux et amoureux sur le long terme doit finir par en arriver à ce type d'amour.
Je pense que c'est pour ça que la sagesse populaire moderne a tendance à préconiser de ne pas se marier trop vite. Cette transition amoureuse rend le couple tellement fragile qu'il n'est pas sage de prendre le risque d'un engagement avant de l'avoir passée.

Évidemment, il y a le cas marginal de ceux qui continueront à brûler d'une passion inextinguible jusqu'à leur dernier jour. On en voit de temps en temps, des petits vieux qui se tiennent par la main, des parents de pote qui sont toujours inséparables malgré le poids des années de mariage et de l'âge.
Il y a aussi les couples sans amour, sans doute plus nombreux déjà, qui ne tiennent debout que par habitude ou par dégoût de la solitude. Ils ne seront d'ailleurs pas forcément évidents à distinguer de nos couples à l'amour mature.

Enfin n'oublions pas que le sentiment amoureux est rarement symétrique au sein d'un couple, et qu'il existe divers degrés aussi bien à la passion qu'à l'amour rationnel, et qu'il est loin d'être systématique que chacun en soit au même point au même moment. De même, l'ordre d'enchaînement n'est pas obligatoirement celui que j'ai évoqué, d'autant qu'une passion éteinte peut tout-à-fait être réveillée pour un temps.
Bref il existe autant de combinaisons qu'il y a de couples. C'est pourquoi l'accession au bonheur en couple passera au moins autant par la capacité à établir une relation adaptée que par le choix du partenaire idéal.

vendredi 4 janvier 2008

...et la lumière fut.

Ma seule et unique bonne résolution pour cette année 2008 a été de trouver le courage de rendre publique l'existence et surtout l'adresse de ce blog. J'ai en effet jusqu'ici entouré cet ouvrage d'un secret relatif, ne clamant pas sur les toits son existence et ne dévoilant son emplacement qu'à de rares élus.
Je dirais bien que c'était par modestie si j'avais une foi quelconque en cette soi-disant vertu qui n'est pour moi que l'enrobage hypocrite de la pire des vanités. En fait je pense qu'il s'agissait avant tout d'appréhension. Sachant qu'il est très difficile d'être objectif concernant le fruit de son propre labeur, je me sais inapte à juger de la qualité de mes écrits et donc de leur intérêt pour autrui. Ça me parait d'autant moins évident que la plupart des idées ou constats que je pose ici ne sont pour moi qu'un amoncellement de quasi-évidences. Partant de là, pourquoi ne le verrais-tu pas toi aussi comme tel ? Qu'est-ce qui empêchera alors ton attention de sombrer prestement au gré de mes formulations pompeuses ?

Mais ce blog est mon ode à la mégalomanie et à la prétention. Quel genre de prétentieux ferais-je si je conservais mes écrits dans l'ombre, à l'abri des critiques et des moqueries, mais aussi des éloges et compliments ? L'intérêt de ses articles réside tout autant dans le plaisir que me procure leur rédaction que dans l'envie que j'ai d'en faire connaître les contenus.
Je te le laisse maintenant, lis-le, moque-t'en ou apprécie-le, ou pire encore arrête-toi là et jette-le négligemment au fond d'un tiroir de ton indifférence.

Je te recommande, si tu ambitionnes de tout lire et si tu te sens un intérêt quelconque pour le cheminement de mes pensées, de commencer par le début tout en bas de la page Septembre, puis de remonter petit à petit (les articles sont classés par ordre antichronologique, dans la plus pure tradition bloguesque). J'ai fait en sorte de dévoiler dès les premiers articles les bases de mes réflexions, qui servent de fil conducteur au reste de mes raisonnements.
Cela dit, la plupart des articles sont parfaitement indépendants et peuvent être classés en catégories distinctes regroupés dans l'"article-sommaire". Sois libre d'y piocher à ta guise.

Tant que je t'ai sous la main, je vais profiter de cet article qui n'a d'autre but que de te parler pour éclaircir quelques points.

Tout d'abord, tu auras remarqué que le nombre d'articles a considérablement diminué sur les deux derniers mois. N'y vois pas un signe de découragement de ma part. C'est juste que la rédaction d'un article me prend en règle générale plusieurs heures. J'ai été assez occupé et, ce blog n'étant pas vraiment ma priorité, je me suis laissé un peu dépasser par mes différentes activités. Je prends néanmoins toujours autant de plaisir à rédiger mes articles et je suis loin d'être à court d'idées (j'ai au moins une page de fichier texte remplie de thèmes d'articles à écrire, à raison d'un par ligne, et ça augmente sans arrêt). J'espère pouvoir revenir sous peu à un rythme d'une dizaine d'articles mensuels.

Je tiens à préciser également que je ne lis, pour ainsi dire, pas de blogs. Je ne créé pas le mien en copiant sur qui que ce soit, ni en m'inspirant d'un autre existant. Je ne sais donc pas vraiment si la démarche que j'ai adoptée est originale ou si, comme je le suppose, il existe des millions d'autres blogs au moins aussi réussis que le mien et suivant le même concept.
J'ajouterai que les derniers textes de philosophie auquel j'ai touché remontent aux quelques cours de cette matière qui m'ont été dispensés en terminale S, il y a de cela déjà quelques années. Cela m'expose au risque que quelqu'un ait pu formuler ces réflexions avant moi sans que j'en aie forcément connaissance, qu'il s'agisse d'un philosophe, d'un scénariste de série télé, d'un autre blogueur, ou même de toi, cher lecteur.
Mais les raisonnements et principes développés ici l'ont été par moi, et lorsque je réutilise sciemment la pensée d'un autre, je mets un point d'honneur à le signaler.

Je conclurai sur des perspectives d'avenir. En effet, j'envisage d'"inaugurer" prochainement deux nouvelles catégories d'articles. La première consistera en d'odieux pillages où je détaillerai les quelques concepts développés par des anonymes de mon entourage qui, bien que n'étant pas de mon cru, m'ont paru assez géniaux pour que je les intègre à ma propre pensée et qui ont donc leur place ici. Dans la seconde, "L'avocat du Diable", je défendrai bec et ongle des points de vue que je ne partage absolument pas, me mettant à la place de ceux qui seraient mes adversaires dans un réel débat d'opinion et illustrant ainsi qu'on peut justifier à peu près tout et son contraire.