mercredi 28 janvier 2009

Rien à gauche, rien à droite, je traverse...

J'en ai plein les couilles de la gauche.
S'il n'y avait le confort électoral bien compréhensible qu'apporte la démagogie sentimentaliste - qui explique merveilleusement la chose - j'en viendrais à me perdre dans l'apparente contradiction que représente la cohabitation de son attitude incessante de contestation pour la contestation avec la bien-pensance sirupeuse de ses élans d'altruisme galvaudé. Si au moins l'affligeant spectacle de sa débâcle récente pouvait me paraître moins avilissant que salvateur pour notre République, je parviendrais peut-être à trouver quelque consolation dans la démonstration navrante ainsi offerte de son ineptie.
Mais quand j'entends tous ces moutons bêler leur indignation que "l'état donne des milliards aux banques", que "le paquet fiscal y'en a que pour les riches" et que "ouin ouin les tests ADN", je finis par en avoir la nausée. C'est sûr que dès qu'il s'agit de se poser en Robin des Bois ou de réveiller le vieux spectre rance d'un racisme galvaudé, ça inspire plus facilement les discours enflammés et ça fait vendre des voix. En revanche, sur les sujets où l'argument sentimental est du côté de la droite, la loi Hadopi ou encore l'audiovisuel public, la contestation se fait tout de suite plus timide. Pour peu que ce soit un peu spectaculaire, avec la Marseillaise sifflée dans un stade mettons, on se met même tous d'accord pour enterrer des libertés fondamentales sur un évènement malheureux.
Notre opposition est abjecte. Faible et en perdition bien qu'opportuniste et démagogique, je ne lui souhaiterais que de pourrir dans l'oubli si elle n'était pas une vague lueur d'espoir, certes chancelante et malsaine, face à l'ignominie du pouvoir en place.
Quand je suis confronté à la gravité des nouvelles concernant notre situation économique actuelle, quand je constate l'ampleur de la récession annoncée, et que résonnent dans ma tête les slogans creux de cet aimant à baffes de Ségolène Royal, exposant son programme outrageusement démagogique et martelant sans honte qu'elle prévoit de financer chacune de ses réformes par le regain de croissance qu'elle entrainera, je m'en choppe presque des élans de gnostisme tant l'envie me prend de louer les dieux pour nous avoir épargné ça. Et pourtant...

J'en ai raz-le-cul de la droite.
C'est comme si chaque mois de son règne marquait une étape supplémentaire dans le recul des libertés individuelles.
Notre Président effectue chaque jour un pas de plus dans l'outrepassement de ses pouvoirs, dirigeant d'une main de fer l'Assemblée Nationale, reniant en bloc le concept de réforme négociée, distribuant tantôt ses commentaires et instructions à la Justice concernant telle ou telle affaire, tantôt ses grâces à ses proches emprisonnés pour détournement de fonds, tantôt la légion d'honneur sans raison apparente à ses relations haut placées à la tête d'un groupe industriel quelconque; et tout cela en jurant, les trémolos dans la voix, de moraliser le capitalisme et de mettre fin aux dérives de l'ultra-libéralisme économique ! Et la presse de fermer sa gueule, sans doute trop occupée à commenter ses frasques amoureuses ou tel mot plus haut que l'autre d'un politique quelconque, ou encore peut-être tremblante sous le joug d'un bras présidentiel qui n'a que trop prouvé à quel point il pouvait être long et rancunier.
Que la France ait pu élire un Président aussi déconnecté des réalités quotidiennes, avec tellement à se prouver, avec un semblant de fond idéologique à ce point au service de son intérêt opportuniste, et ce malgré tous ses échecs et mauvais résultats en tant que ministre, ça me dépasse totalement. Bien que nous n'ayons pas tellement disposé d'alternative sérieuse au second tour, il y avait tout même eu un certain nombre d'étapes qui avaient nécessité de remporter un minimum l'adhésion des Français avant cela.
C'est encore une fois la victoire de la politique politicienne, signe que le destin du système politique français tend vers le "modèle" américain en la matière : sclérosé par les milliards, la bien-pensance et les arguments émotionnels.
Et nous le payons le prix fort. On nous enchaine un peu plus à notre télévision avec la réforme de l'audiovisuel, on punit des stades entiers pour baillonner la liberté d'expression de quelques individus dès lors qu'elle s'attaque aux symboles de l'ordre établi, on règle la question de l'immigration avec un simple quota à respecter, on mène des campagnes télé de dramatisation terroriste à l'américaine, et pour finir on assujettit l'Internet, dernier îlot de liberté plus ou moins hors de portée des censeurs bien-pensant et de l'absurdité des lois politiciennes à effet d'annonce.

Oui, moi qui suis pourtant d'un naturel optimiste, moi qui ne veux voir que le peu de poids que le pouvoir en place a sur nos vies de tous les jours, je suis en pleine crise de désespoir politique.
Certes le centre a eu sa chance, sa petite heure de gloire lors des dernières présidentielles, à tel point que j'ai voulu y croire. Mais il est aujourd'hui en pleine traversée du désert, slalomant sans succès entre les boulets rouges tirés de droite comme de gauche, mené par un capitaine solitaire et égotique qui ne semble voué qu'à dissoudre le peu de crédibilité qu'il lui reste. L'alternative salvatrice d'un semblant de libéralisme, même "encadré", semble aujourd'hui une utopie, vouée à se désagréger ou, pire encore, à s'adapter aux règles du jeu politique, entre complaisance et démagogie.
Tandis que le FN crève en silence (c'est toujours ça de pris), l'extrême gauche, pourtant placée en position de force par la conjoncture, ne parvient qu'à épuiser ses troupes (et moi avec) à coups de grogne incessante et de montée au créneau sous tout prétexte.
Je ne vois rien de bon se profiler, ni par la gauche, ni par la droite. La crise va être longue, et pas seulement en matière d'économie; apprêtons-nous à la traverser avec résignation...

lundi 19 janvier 2009

Rue de Stalingrad

Je suis récemment tombé des nues en apprenant que ma bonne ville de Saint-Nazaire recelait en son sein une rue de Stalingrad. Certes nous parlons d'une ville portuaire, vivant des chantiers de l'Atlantique et des usines Airbus, une ville ouvrière à gauche depuis toujours. Certes notre immuable maire PS, en poste depuis des lustres, est connu pour ses flirts avec le PCF. Certes nous sommes les voisins et amis de Trignac la communiste, hébergeant pourtant le coeur commercial et capitaliste de notre contrée.

Je reste néanmoins estomaqué qu'on puisse sans honte honorer de la sorte l'un des dictateurs les plus sanguinaires du siècle dernier. Même les Russes ne l'assument plus. Et pourtant eux, ce n'était pas juste une rue qu'ils avaient à renommer. J'ose à peine imaginer la réaction du bon peuple s'il découvrait demain une rue Hitlerjugend à trois enjambées de son Centre-Ville.
C'est pourtant sans le moindre signe d'embarras qu'on a promptement renommé la rue de la Paix rue François Mitterrand, à peine son cadavre avait-il commencé à tiédir. La chute du Mur ne fut-elle pas un évènement suffisamment important pour susciter un début de réaction municipale ?

Tu me diras sans doute que ce n'est qu'un nom de rue et qu'il y a quand même d'autres sujets autrement plus importants qui justifieraient que je leur consacre la primeur de mon indignation. Et tu n'auras pas tort.
En fait, ce qui me choque profondément là-dedans, c'est que ça confirme mon analyse, que j'avais toujours l'audace d'espérer infondé, de la vision que la France a du désastre soviétique. Les avancées du Front Populaire et la tradition française gauchisante qui en découle ont biaisé le procès de l'idéologie bolchevik et de sa dictature sanglante dont les seuls mérites par rapport à sa cousine nazie sont de ne pas avoir perdu de guerre et d'avoir trop craint les réactions américaines pour poursuivre son invasion de l'Europe jusqu'à nous.