mardi 30 juin 2009

Jouons avec les mots

Aujourd'hui, je te propose un petit jeu qui n'a, comme à mon aimable coutume, rien d'innocent.

Je te propose donc de lire la phrase suivante, tirée de l'excellent chapitre 4 du non moins excellent (au moins le début pour ce que j'en sais) livre du trop méconnu Tristan-Edern Vaquette :
"Mais sois certain aussi que je n'appartiens pas non plus à la race des cons qui tapent. Tu sais, l'ordure, comme tu dis, (...) lui aussi, il est persuadé, de bonne foi, que le Juif est responsable de ses malheurs, que c'est un salaud qui (...) est aujourd'hui responsable de son indigence financière, à lui, à défaut de son indigence intellectuelle dont il n'a pas conscience."

Maintenant, manifeste bruyamment ton accord avec le discernement lumineux de ce constat dressé de la motivation antisémite, et la légitimité du mépris exprimé pour le genre de raisonnements à l'origine de ce courant.

Puisque nous sommes d'accord, je vais maintenant te demander de relire ce texte, mais cette fois en remplaçant le mot "Juif" par le mot "patron", ou "bourgeois", ou bien encore "système capitaliste". Le jugement porté par la phrase ainsi obtenue t'inspire-t-il la même adhésion ?

Si la réponse est oui, désolé, soit je viens d'effectuer enfin ma première vraie conversion, soit tu as perdu ton temps à lire ces lignes. En revanche, si la réponse est non, prends garde ! Il est plus que probable que tu sois atteint de la même maladie que les antisémites de l'époque et que, cédant aux sirènes de l'air de notre temps de crise et à la tentation de la désignation d'un bouc émissaire, tu aies rejoint les rangs gonflants de l'anticapitalisme, de la même manière que des millions d'autres avaient rejoint ceux de l'antisémitisme.

Et avant que tu ne m'abreuves de toutes tes justifications, défendant avec véhémence la différence de légitimité entre les deux points de vue, demande-toi donc si des arguments du même acabit que ceux que tu me prépares n'ont pas, eux aussi, été employés en leur temps pour rationaliser la haine raciale. Demande-toi si les clichés qui circulaient alors sur la malhonnêteté des Juifs n'avaient pas la même base de vérité que ceux qu'on prête actuellement aux patrons (à savoir, comme pour toute généralisation, quelques exemples malheureux). Quant à venir m'expliquer que je ne suis qu'un sale con de comparer la révolte légitime de nos frère opprimés à des idées ayant causé le plus grand génocide de l'histoire, tâche de te souvenir que l'anticapitalisme (car le socialisme n'est-il pas né à la base, de l'opposition au capitalisme ?) a causé un nombre de victimes (même si on ne parle que des morts) qui se mesure par rapport à l'holocauste en facteur multiplicateur.

PS: Désolé pour l'emprunt, Vaquette, mais je suis sûr que, même n'approuvant pas ma thèse, tu ne me reprocheras pas d'avoir ainsi détourné ton art pour pourchasser - certes dans le désert, mais n'est-ce pas là que se retrouvent tous ceux qui s'y risquent de manière un peu trop ostensiblement intelligente - la pensée unique de mise en notre époque.

PPS: Ouais je sais, un point Godwin... Un de plus... En même temps, est-ce que c'est vraiment si ridicule d'employer l'analogie avec le régime nazi quand il s'agit de dénoncer des idées du même ordre, ayant eu sur l'histoire des conséquences au moins aussi désastreuses ?

mercredi 24 juin 2009

Lettre ouverte aux mouvements religieux anti-Hellfest

Bonjour,

En tant qu'ancien catholique ayant conservé une certaine bienveillance envers cette communauté somme toute bien intentionnée, et qu'actuel "métalleux", fidèle au Hellfest depuis ses débuts, il me semble important de vous exposer les quelques points qui me choquent dans votre démarche.

Commençons par le fond.
Vous réclamez l'interdiction d'une institution sous prétexte que ses valeurs sont différentes des (on pourrait même dire "opposées aux") vôtres. Vous contribuez ainsi à entretenir l'image regrettable - et que vous devriez être les premiers à combattre - de la vieille Église inquisitrice et intrusive, convaincue que seules ses propres croyances sont valables et qu'elles doivent en ce nom être imposées par tous les moyens nécessaires.
Quand bien même vous invoqueriez les rarissimes agressions ou viols de sépultures pour habiller d'une certaine légitimité votre démarche, ne croyez pas que vous limiterez ce genre d'incidents en déclarant (et encore moins en gagnant) une croisade contre le Hellfest. Quand le Christ parlait de tendre l'autre joue, il est certes probable qu'il ne s'agissait pas de se laisser marcher dessus bêtement sans réagir, mais il ne fait aucun doute qu'il appelait de ce vœu, par-delà ses fidèles, tous les gens de bon sens à ne pas se lancer dans une guerre revancharde qui ne saurait avoir d'autre conséquence que de nouvelles ripostes.
Vous appelez à l'interdiction en dénonçant les croyances satanistes affichées par certains groupes. N'oubliez pas que les lois républicaines garantissent en France la laïcité et la liberté de culte. À cet égard, ces "croyances" ont non seulement tout autant droit de cité que les vôtres, mais il semble de bien mauvais goût d'attaquer le versement de subventions publiques (dérisoires par rapport à son coût total) à cet évènement culturel alors que celles-ci entretiennent également vos églises . D'autant plus que les cultes sataniques n'ont souvent rien à voir avec la vénération du "Satan chrétien", ni même avec les Églises chrétiennes. Et vous ne vous en tirerez pas en évoquant les dérives sectaires (ou autres incidents marginaux et isolés) du satanisme, tant le terme "dérisoire" semble presque un euphémisme pour les comparer en importance à celles du christianisme (témoins de Jeovah, mormonisme...).

Vous justifierez sans doute votre démarche par la forme, en invoquant la violence verbale et symbolique des groupes qui vous critiquent, et en soutenant que votre contestation passe par des moyens légaux. Je vous répondrai que cette violence verbale est tout aussi légale, et que vos moyens d'action (chantage à la consommation auprès des enseignes pour faire prévaloir vos idées, pressions électorales, publication d'informations biaisées...) sont tout aussi immoraux. Ne venez pas non plus crier que "C'est eux qui ont commencé" quand les critiques formulées par les groupes anti-chrétiens se réfèrent généralement à des exactions bien plus vieilles que le rock lui-même. Le fait que l'Église d'aujourd'hui refuse d'assumer la responsabilité des horreurs de celle d'antan ne lui donne pas de légitimité à faire taire ceux qui les dénoncent.
De plus, vous vous attaquez à la mouvance "metal" en en affichant une méconnaissance évidente, généralisant à partir du peu d'informations que vous en avez pour entretenir une peur qui n'a pour origine que votre seule ignorance. Revenant du festival, je puis vous affirmer que ce n'est qu'une vaste fête, dont les quelques manifestations vaguement violentes ne dépassent pas, ni en intensité ni en agressivité, celles qu'on peut trouver sur le terrain lors d'un match de rugby. L'entraide dans les pogos, où une dizaine d'individus font immanquablement barrage de leur corps pour aider celui qui est tombé à se relever, l'esprit de fête, de fraternité et de partage qui y règnent partout ne sont pas si éloignés des idéaux que vous prétendez défendre par la censure. Même certains groupes de metal chrétien étaient cette année présent, preuve d'une tolérance bien supérieure pour vos idées de la part des organisateurs du Hellfest que vous n'en affichez pour les leurs, un comble quand on a de vagues notions quant au message du Christ.

Je vous en prie, au nom du respect et de la modernité auxquels semblent désormais aspirer la chrétienté en général et l'Église catholique en particulier, ne soyez plus cette mégère moralisatrice mais aveugle à ses propres défauts. Oubliez votre rancœur face à des insultes qui ne vous atteindraient même pas si vous n'alliez les chercher là où elles sont proférées. Conduisez-vous de manière au moins aussi noble que ces métalleux que vous mettez au pilori : Vivez (c'est-à-dire soyez en désaccord, critiquez si vous le voulez) mais laissez vivre !

mardi 16 juin 2009

Permission et incitation

Pour citer un brillant artiste français que j'ai découvert récemment, et avec lequel j'aime à me constater certaines convergences, "La confusion des termes est l'arme préférée de l'imposture". Or aujourd'hui, dans la longue liste des notions entre lesquelles mes contemporains font trop souvent l'amalgame, après "Capitalisme et consumérisme", j'aimerais introduire "Permission et incitation". En effet, c'est sous couvert de cette seule confusion, dont j'ose candidement croire que l'entretien n'est pas délibéré, que nos gouvernements, conservateurs comme socialistes, continuent de mener la plupart de leurs politiques de répression aussi inefficaces que nocives envers certains des droits les plus fondamentaux de l'être humain.

Je parle ici de toutes ces lois qui ont pour prétention de nous protéger de nous-mêmes, nous infantilisant et nous déresponsabilisant, entretenant le mythe que c'est à l'état, et non à l'individu, qu'il incombe de répondre des actes prêtant à conséquence sur sa seule personne.
Je parle ici du droit à mourir, refusé encore aujourd'hui même à ceux que les aléas de la vie ont dépouillé de tout ce qui peut faire son charme, emmurés dans la souffrance, avec pour seul horizon l'attente résignée d'un trépas salutaire.
Je parle ici du droit à disposer de sa personne, dont le mépris nous impose de diriger nos consommations vers les seules substances considérées comme non-nocives par des bureaucrates ignares en la matière, conseillés par des médecins alarmistes et parfois guère mieux informés.
Je parle ici du droit à la liberté d'expression qui, sous couvert d'une exigence de respect mutuel injustifiée, ou du ménagement de la sensibilité d'une quelconque minorité socio-éthnique, est désormais réduite à un carcan politiquement correct par de zélés censeurs bien-pensants.
Je parle ici du droit à disposer de son corps qui, dans certains pays pourtant auto-proclamés "civilisés", condamne encore à la maternité des fillettes immatures (ou peut-être pire, à la misère affective d'un orphelinat dispensable des enfants innocents) au nom de croyances dépassées.

Aussi primaire que cela puisse paraître, la plupart de ces abus de la coercition étatique semblent être justifiés par cette unique prémisse aberrante que, même sans permission explicite, la seule absence d'interdiction de ces actes moralement discutables serait inévitablement perçue comme un encouragement à tous les abus. Et le fait est qu'une bonne partie de la population raisonne ainsi.
Je ne sais comment cet amalgame entre ce qui est permis et ce qui est souhaitable a pu corrompre à ce point l'esprit de mes contemporains, mais nombreux sont ceux qui n'auraient aujourd'hui rien contre l'idée d'interdire tout ce qui revêt à leurs yeux une quelconque connotation négative. Ceux-là même qui prêchent la tolérance et la liberté, déformant ces belles valeurs dans le giron gluant de leur indigence culturelle, refusent de tolérer une quelconque liberté qui sorte du carcan moral qu'ils en sont venus à considérer comme universel.
Alors on enterre la liberté de tous au nom des principes de certains, zélateurs de la bien-pensance obligatoire.

Et bien moi, je clame - et je ne suis pas le seul - que le crime sans victime ne nuit pas à la société, et que par conséquent celle-ci n'a ni fondement, ni intérêt à le combattre. Et j'affirme qu'une victime qui accepte le crime de son propre chef, sans y être poussée par la volonté d'un tiers, n'est pas une victime, et que ce crime n'en est par conséquent pas un.

Et non seulement cette fièvre de l'interdiction n'est pas légitime, mais il semble établi qu'elle ne produit guère de résultats. Dans un régime basé sur la raison et la liberté, les individus ne se soumettent guère aux distorsions de la première quand elles ne visent qu'à nuire à la seconde. C'est même régulièrement l'interdiction elle-même qui est interprétée comme une incitation. Force est de constater que, pour présenter des résultats témoignant timidement d'une vague efficacité de leurs politiques répressives, nos dirigeants se retrouvent presque immanquablement contraints de jongler périlleusement avec des données bien apocryphes. Sans doute le seul réel effet produit par l'interdiction est-il finalement d'éloigner l'information fiable des domaines où elle serait le plus salutaire. Si l'on prend l'exemple de la consommation de drogues, force est de constater que les conseils de prudence perdent de leur portée quand ils émanent de l'autorité même que leurs destinataires cherchent à transgresser. L'interdiction légale ne suffit à empêcher aucune action, elle ne fait qu'en augmenter le coût.

Tous ceux qui dénoncent la permissivité en arguant qu'elle laisse la porte ouverte à toutes les dérives, comme si la répression était apte à la fermer, comme s'ils avaient un droit quelconque à imposer leurs discutables convictions morales à autrui, se leurrent donc doublement.

dimanche 7 juin 2009

Couple

Réussir sa (ou ses) vie(s) de couple reste, pour l'immense majorité d'entre nous, un des enjeux principaux de la poursuite du bonheur. Bien que ce ne soit pas nouveau, reposant des mécanismes évolutifs ancrés dans le Vivant depuis l'émergence même des premières formes de vie sexuées, cette problématique est d'autant plus d'actualité dans nos sociétés occidentales modernes, où l'épanouissement personnel de l'individu est au centre des préoccupations.

Et pourtant, malgré toute sa banalité, c'est un concept très flou que celui du couple. La diversité de ses formes rend compliqué d'en appliquer une définition formelle. On reconnaîtra volontiers que les diverses définitions qu'en donne le dictionnaire ("Un mari et une femme, un homme et une femme vivant ensemble." ou encore "Deux personnes liées par un sentiment, un intérêt commun...") sont soit trop spécifiques pour englober l'ensemble des tendances actuelles des relations, soit trop vagues pour nous renseigner sur la vraie nature d'un couple.

Fig. 1

En bon informaticien que je suis, je vais modéliser le couple selon un modèle Entité-Association-Propriété. Je sais, ça parait biaisé comme approche, mais tu vas voir que ça ne devrait pas m'empêcher de dire deux ou trois trucs pas cons.
De ce point de vue, le couple est donc une association reliant deux entités : deux individus. Pour l'exemple, on les prendra de la même espèce, humaine, et de sexes différents (Je parle de ce que je connais, même si le gros de ce que je m'apprête à développer ici sera sans doute également applicable aux relations homosexuelles).
Chacun des individus possède un certain nombre de propriétés qui lui sont propres (physique, intelligence, aspirations...). Je ne m'amuserai pas aujourd'hui à partir en digression ontologique à lister et analyser tout ce qui fait que nous sommes ce que nous sommes à nos yeux et à celui de nos partenaires (potentiels).
En revanche, je vais m'intéresser ici aux propriétés de l'association, de la relation de couple. J'en compte sept dont voici la liste, triée par ordre chronologique de prépondérance dans le couple moderne typique : Attirance, tendresse, sexe, complicité, sentiments, communication et obligations. L'objet de cet article sera d'ailleurs de revenir sur chacune de ces propriétés une par une, afin d'en fournir une brève analyse.
Évidemment, une relation peut exister entre deux êtres et rassembler ces attributs sans être une relation de couple, de même qu'une relation de couple peut ne pas comporter certaines de ces propriétés (ou plutôt les comporter avec une valeur nulle). C'est pourquoi nous définirons la contrainte suivante sur l'association Couple : L'homme comme la femme considèrent qu'ils forment un couple. On inclut donc les "relations libres" et les foyers polygames, mais ni les "coups d'un soir", ni les "plans cul" (même si beaucoup de ce qui va se dire serait applicable aux "plans cul" réguliers), ni les relations totalement unilatérales.

On obtient donc le schéma en figure 1 (Moment historique : première image dans un de mes articles).
Penchons moi donc maintenant comme promis sur chacune de ces propriétés.

Attirance :
Si elle est souvent physique dans un premier temps, elle peut reposer sur bien des propriétés de chacun des deux individus. On peut ainsi être séduit aussi bien par la culture ou l'humour que par un simple tic de langage un peu original, certaines similitudes ou différences de personnalité avec certains de ses modèles (à commencer par soi-même), ou encore juste par l'attention (ou l'absence d'attention) qui nous sera manifestée.
Cette attirance peut être rationnelle ou non. La femme qui choisit un homme pour son statut social peut, par exemple, le faire par calcul ou de manière totalement inconsciente.
Quoiqu'il en soit, même si elle n'est pas nécessairement de même nature, il vaut mieux que l'attirance soit réciproque, et de préférence à peu près équivalente, sous peine de partir sur une relation très bancale, qui risque de pencher encore plus quand les autres paramètres prendront leur importance.

Tendresse :
Il s'agit ici de l'ensemble des manifestations de tendresse, qu'elles soient physiques (bisous, câlins, caresses...), orales (mots doux, compliments...), ou autres (cadeaux, textos, intérêt manifesté, aller vers l'autre de temps en temps...).
Là aussi on a de tout, ça va du couple platonico-coincé aux indécents qui s'exhibent en permanence entre caresses torrides et sobriquets vomitifs empruntés au règne animal.
Mais c'est sans doute l'aspect sur lequel il est le plus important d'être en phase, dans la mesure où c'est la manifestation ostentatoire (avec le sexe dans une moindre mesure) de l'attirance et des sentiments, le "ciment positif" du couple.

Sexe :
Si j'ai séparé le sexe des manifestations de tendresse, c'est qu'il n'en est pas nécessairement une. Le sexe, même au sein d'un vrai couple amoureux, peut se concevoir sans réelle tendresse, et une relation aux manifestations de tendresse physique omniprésentes peut se retrouver totalement bloquée dès que ça devient un peu trop sexuel. De plus, c'est un aspect tellement important et complexe qu'il méritait une catégorie à part.
Mais c'est une telle obsession (évolutivement logique) de notre culture humaine que bien des mètres cubes d'encre lui ont été consacrés un peu partout, incluant ce blog. Je ne m'étendrai donc guère sur les tenants et les aboutissants d'une vie sexuelle épanouie, si ce n'est en rappelant qu'il ne s'agit évidemment pas d'un aspect à négliger pour un couple se voulant bien-portant.

Complicité :
La relation amoureuse n'est pas nécessairement si éloignée que ça de la relation d'amitié. J'ai même tendance à penser le couple idéal comme celui où les deux amants sont les meilleurs amis du monde.
Je conçois qu'il soit discutable d'avoir accordé à la complicité une telle importance en la hissant au rang de grande propriété du couple, au même titre que les six autres, mais c'est pour moi un tel garant de l'épanouissement qu'il y avait toute sa place.
C'est de plus un excellent intermédiaire entre l'aspect impersonnel de la simple attirance, le côté plus physique et concret de la tendresse et du sexe et le niveau d'abstraction des sentiments.
J'ai tendance à mettre aussi dans la catégorie complicité la connaissance de l'autre, aussi bien des conneries qui font qu'on gagne aux Z'amours que de ses envies et aspirations profondes.

Sentiments :
Si je parle ici essentiellement du si galvaudé "amour", il faut aussi penser à la kyrielle de ressentis qui l'accompagnent couramment : bienveillance, manque, jalousie, euphorie, déprime, admiration, idéalisation...
Je me suis déjà étendu ici sur les sentiments amoureux, leur place dans l'équilibre du couple et l'aspect critique de la première déclaration, et le sujet est par ailleurs largement assez documenté pour que je puisse, ici aussi, m'offrir l'économie d'un développement plus poussé.

Communication :
La communication est au cœur des relations humaines et devait donc être citée ici.
Néanmoins, même si je préfère la mienne exhaustive, c'est-à-dire franche et honnête, je ne pense pas qu'il y ait un modèle de communication de couple qui soit applicable partout. Force est de reconnaître que certains couples se portent bien mieux en ignorant plus ou moins sciemment certaines informations, ou certains des agissements de l'un et de l'autre et que toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire.
Pour certains réalistes illuminés tels que moi, incapables de se contenter d'une illusion de bonheur basée sur une ignorance sine qua non, il sera néanmoins essentiel d'entretenir une relative franchise et une totale honnêteté quant aux points importants concernant la relation.
Bien sûr, la dimension communication n'est pas à réduire à la communication autour du couple, mais il est assez évident pour tout le monde que deux individus qui n'ont rien à se dire n'ont rien à faire en couple non plus, à moins que ce ne soit précisément ce que chacun recherche.

Obligations :
Un couple se définit également en terme d'obligations. Je considère par exemple (c'est très personnel) qu'un couple qui ne se fixe pas d'obligation de fidélité réciproque peut être, en pratique, réduit à un simple "plan cul" régulier. Ainsi ma vision du couple tourne beaucoup autour de cette obligation de fidélité, qui en devient un axe au même titre que les autres que j'ai développés ici.
Je suis néanmoins, en bon libéral, de ceux qui considèrent que c'est avec le moins d'obligations et de contraintes possibles que l'individu est le plus à même de s'épanouir, et que ça vaut également dans le couple. C'est pourquoi je me limite à la formulation de cette seule obligation théorique.
Mais la pratique est évidemment plus complexe. Même en me restant fidèle, si ma copine se refuse systématiquement à moi, ou ne prend pas la peine de dégager du temps pour me voir, il va en résulter un malaise qui me poussera à mettre un terme à la relation. Et quels que soient les critères, on fonctionne tous comme ça.
Même sans obligations explicites, sans règles précises édictées et acceptées de vive voix par les deux individus concernés, il subsiste toujours un certain nombre de règles tacites, correspondant au respect des attentes et des aspirations de chacun concernant l'autre et la relation de couple en général. Leur viol répété entraînera la rupture presque aussi sûrement qu'une trahison concrète, même si cela générera moins de ressentiment.
Ces obligations ne sont néanmoins pas forcément contraignantes, et le couple idéal est aussi sans doute celui où chacun saura répondre aux attentes de l'autre sans avoir à limiter ses propres aspirations.

Maintenant que nous connaissons les différentes propriétés du couple; on peut en déduire la forme que chacun prendrait dans le couple idéal :
-attirance réciproque et à peu près équivalente;
-manifestations de tendresse de chacun en phase avec les attentes de l'autre;
-vie sexuelle satisfaisante pour chacun, aussi bien sur la quantité que sur la qualité;
-complicité et connaissance réciproque;
-relatif équilibre amoureux, ou alors déséquilibre cohérent avec la personnalité de chacun;
-communication adaptée;
-respect des attentes et aspirations de chacun sans avoir à s'en faire des règles contraignantes.
Évidemment, ce n'est jamais parfait à ce point, c'est pour ça qu'on a inventé les engueulades, les discussions sérieuses, la résignation passive et bien sûr la rupture !

On pourra opposer au couple parfait décrit ci-dessus, le couple pourri qui, ne présentant pas l'adéquation de ces différents attributs, ne repose sur rien de bien convaincant. Son "ciment négatif" peut être le désœuvrement (pourquoi pas rester en couple, j'ai pas grand chose d'autre à faire de mes dimanches soirs) ou la lâcheté (peur de la rupture, de la solitude, de la difficulté de trouver quelqu'un d'autre ou encore de la réaction de l'autre...).
C'est ainsi que de nombreux couples arrivent à "survivre" sans plus (ou si peu) d'attirance, de tendresse, de sexe, de complicité, de sentiments, de communication ou d'obligations réciproques.

Sur ce point précis, j'ai d'ailleurs un point de vue assez fataliste, qui consiste à penser que les efforts nécessaires à l'amélioration d'une situation de couple ne servent qu'à générer de la frustration à moyen terme, et ne sont en rien des solutions. En gros, soit le couple est fait pour marcher, soit non.

Ça ne veut pas dire qu'une relation de couple ne peut pas évoluer. En effet, chacun ayant tendance à adapter son attitude (et parfois même ses sentiments) en réaction à celle de l'autre, une meilleure compréhension par le biais d'une bonne mise à plat des attentes et des sentiments pourra souvent aider certains couples ayant des attentes compatibles à retrouver une forme de bien-être. Mais c'est malheureusement loin d'être toujours le cas.