lundi 15 octobre 2007

Tolérance

Rassure-toi, je ne tiens pas à rappeler ici pour la énième fois à quel point c'est mal d'être raciste et important d'aimer son prochain et bla et bla et bla. C'est en effet un sujet important qui méritera sans doute que je m'attarde dessus plus tard - ce ne sera pas la première fois que je nous ferai perdre beaucoup de temps à toi et surtout à moi pour détailler ce qui est déjà une évidence pour toute personne douée de l'usage de son cerveau - mais ce n'est pas le sujet du jour.

Ce billet est en fait une réponse à un reproche qui m'est facilement formulé : le manque de tolérance.
Attention, on ne parle pas ici de tolérance au sens familier actuel, à savoir du contraire du racisme : la plupart des gens qui me connaissent un peu savent à quel point j'ai en horreur cette forme de prétention illégitime (le racisme, j'entends) et pourront donc, le cas échéant, le confirmer à ceux qui me connaissent moins.
Non, l'intolérance qu'on me reproche, à tort, ne s'arrête pas à de si ridicules considérations que la couleur de peau, la religion ou la nationalité. Elle les dépasse largement.

Oui, j'ai bien dit "à tort". En effet, comme 99% des gens à qui on pose la question, je peux dire sans trop hésiter que suis quelqu'un de très tolérant.

En fait, à peu près tout et tout le monde m'indispose.
Je déteste la vanité des vantards, l'hypocrisie des modestes, la stupidité du commun, l'arrogance de l'élite, la naïveté du religieux, l'intolérance de l'anticlérical, la paresse du noir, la cleptomanie de l'arabe, la fourberie du jaune, la suffisance du blanc et la connerie crasse du raciste.
Rien ne m'énerve plus que ces prétentieux qui ont un avis tranché sur tout et n'importe quoi, à part peut-être ceux qui, par paresse, lâcheté ou manque de personnalité, semblent n'avoir d'opinion sur aucun sujet.
Et ces gens "sociables", prêts à courber l'échine devant tous les codes de la politesse et de la convenance et à l'affût du moindre trait d'humour pouvant leur permettre de se faire remarquer; ils me sont aussi pathétiques que ceux qui se laissent vouer à la solitude par leur timidité ou leur misanthropie.
Je méprise aussi bien les abus des exploitants que la soumission des exploités, la nuisance des agresseurs que les plaintes incessantes des victimes, l'ingratitude des parvenus que la jalousie des indigents.

Même toi, quel que soit ton profil, j'aurais sûrement des tas de choses à te reprocher.
Même moi, je me retrouve dans de nombreux de ces aspects répulsifs que j'ai dénoncé plus haut.
Bref, l'humanité me donne chaque jour plus de raisons de la haïr.

Et pourtant je vis très bien avec.
J'entretiens une très bonne relation avec moi-même malgré tous les reproches que j'ai à me faire. Je vois régulièrement des gens et je m'entends bien avec la plupart d'entre eux pour ne pas dire tous, même si certains plus que d'autres. Il y en a même dont je viens à rechercher volontairement, et parfois activement, la compagnie, voire certains que je viens à aimer.
Je ne me souviens pas avoir déjà refusé quelqu'un à ma table au RU ou rejeté volontairement une poignée de main amicale.

Bref malgré toutes les critiques que je peux formuler à leur égard, malgré tous les vices que je leur prête et toute l'antipathie ou toutes les accusations de fautes impardonnables qu'ils méritent que je leur porte, je tolère tout-à-fait la quasi-totalité mon entourage.

En effet, il faut qu'il y ait un désagrément à tolérer pour pouvoir parler de tolérance.
En l'occurrence, c'est ma misanthropie qui fait de moi quelqu'un d'extrêmement tolérant.

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