dimanche 12 octobre 2008

Populismes

Bon, ça fait un moment que je l'annonce, voici enfin mon article expliquant pourquoi j'estime que les politiques extrêmes, de gauche ou de droite, sont à bannir.

Commençons par nous attaquer aux racines de ces idéologies, ou plutôt à celles de leurs doctrines les plus représentatives.
Même en ne lisant que les quelques premières pages de certains écrits de Karl Marx qu'un être humain normalement constitué est capable d'ingurgiter avant de sombrer dans la plus profonde léthargie, on s'aperçoit que le communisme n'est né que d'une réaction de la classe populaire face à ce qu'elle considérait, sans doute au moins un peu à raison, être sa spoliation par la cupide et malveillante bourgeoisie. De même, si on reprend les thèmes emblématiques des revendications nationalistes, on retrouvera globalement en constante le fait d'accuser les étrangers, l'immigration, voire les échanges internationaux de tous les maux du système.
Le point commun entre ces deux types de doctrines est qu'ils reposent sur la mise en place de boucs émissaires, dans un cas la classe bourgeoise, dans l'autre les étrangers par exemple, sur qui se déchargera toute la responsabilité des travers de tout système économique et social : le chômage, la pauvreté, la violence, la stagnation sociale, les lourdes charges de travail, etc. Le bon peuple peut ainsi se dédouaner d'une quelconque responsabilité dans ses malheurs tout en dirigeant les solutions pour améliorer ses conditions de vie contre ceux qu'il a choisi de désigner comme fautifs. Du coup les citoyens n'ont plus à assumer leur responsabilité propre et à essayer d'améliorer leur condition par eux-même et par d'autres moyens que la revendication incessante.
On obtient ainsi un système basé sur l'acharnement, la jalousie et parfois même sur la haine, où l'on se préoccupe au moins autant que telle ou telle catégorie ne jouisse surtout pas d'avantages qu'on lui suppose indus que de résoudre les problèmes de manière rationnelle.

Et après, me dira-t-on, s'ils ont effectivement raison ? Si une catégorie sociale était effectivement à l'origine des maux de la société toute entière ? Après tout c'est envisageable.
Même si j'ai ma petite idée, ce n'est évidemment pas à moi, jeune étudiant de 21 ans avec trois modules d'économie à son actif, de trancher cette question épineuse. Ce genre de délibération revient évidemment à des professionnels des sciences politiques. S'il était si simple d'invalider de manière incontestable les théories extrémistes, nous n'aurions pas autant de spécialistes des diverses sciences de l'analyse politique dans chacun des camps.
Même si un peu de bon sens, des exemples historiques et des notions même très succinctes d'économie semblent nous indiquer que des mesures comme la fermeture des frontières, la baisse drastique du nombre d'heures travaillées ou l'absence d'un système de "motivation par la carotte" par l'élévation sociale ne pourraient quasiment résulter que sur un désastre économique, il n'existe sans doute personne d'assez compétent pour le prouver totalement, d'autant plus que cela dépend fortement du contexte.
Mais c'est aussi valable dans l'autre sens, il est impossible de prouver que ces politiques soient d'une indéniable efficacité, et étant donné le risque majeur que leurs applications dans tous leurs extrémismes impliquerait, un simple principe de prudence nous impose au moins de nous en méfier et de ne pas tenter le diable, même en admettant qu'un scénario impliquant des conséquences graves ne soit pas aussi probable qu'il en a l'air.

Mais alors pourquoi un tel succès au point d'avoir remporté le pouvoir dans certains pays ?
Etudions cela du point de vue d'un jeune fils d'ouvrier français. Appelons-le Jean. N'est-il pas vrai que le fils de riche du centre ville aura plus de chance que lui de "réussir dans la vie" et d'occuper un poste socialement haut placé ? Le jour où ce jeune homme fait son entrée sur le marché du travail et voit des postes intéressants confiés à des immigrés acceptant une rémunération moindre, n'est-il pas en droit de penser que l'immigration le maintient au chômage ? J'ai déjà du mal à digérer qu'il ne reste plus de pizza quand je vais manger au RU de ma faculté parce que les lycéens d'en face les ont toutes commandées, il m'est donc aisé d'imaginer à quel point, cette situation transposée sur le terrain de l'emploi, il doit être facile de sombrer dans la colère, voire dans la haine, particulièrement si notre ami Jean n'a pas particulièrement été éduqué aux valeurs de "tolérance" (Dieu que ce terme est inadapté) comme je l'ai été.
Evidemment, Jean ne tiendrait pas compte ici de la globalité du tableau, par exemple du fait que si, à force d'efforts et de sacrifices, il finissait par se hisser dans de plus hautes couches sociales, il trouverait inadmissible de ne pas pouvoir faire profiter sa progéniture de sa réussite. De même, il ne s'attarderait sans doute pas longtemps à étudier toutes les "conséquences positives" (dont l'ampleur reste, certes, difficiles à établir et à étudier) de cette immigration, ni à s'attendrir sur le sort du jeune immigré qui lui a piqué son poste et qui en avait sans doute un besoin au moins aussi pressant.
Accaparé qu'il est par ces contrariétés personnelles, aussi importantes qu'elles soient et légitime que soit son inquiétude, il aura facilement tendance à se tourner vers les solutions simplistes (destitution de la bourgeoisie, fermeture des frontières...) proposées par les populismes d'un bord ou de l'autre, sans s'intéresser plus que cela à l'intérêt général de la société dans son ensemble.
Il faut ajouter à ce type de phénomène la lassitude face à un pouvoir modéré en place qui, étant donné qu'on n'a pas encore découvert le système parfait, essuiera fatalement un certain nombre d'échecs et de déconvenues, débauchant l'électorat (ou les insurgés révolutionnaires en puissance) vers les alternatives offertes par les extrêmes, qui ne se priveront pas de critiquer avec aisance le système en place au moindre travers.

Mais plus dangereuse même que les débâcles économiques prévisibles en appliquant les principes considérés, même par de nombreux spécialistes, comme économiquement aberrant, la pire des conséquences de l'instauration de ce type de système est sans doute que chacun tend plus ou moins inexorablement, et par des mécanismes différents, vers l'établissement d'un pouvoir dictatorial.
En effet, le communisme préconisant un aplatissement des rémunérations, le système de motivation à la productivité et à l'efficacité "à la carotte" - par ascension sociale - de nos systèmes capitalistes serait mis complètement hors-circuit, nécessitant ainsi un système de punition "au bâton" et donc une autorité forte. Cette évolution logique pour conserver un niveau de production de richesse nationale décent (surtout si on prend en compte une forte baisse du temps de travail par exemple) nous mène à un pas, vite franchi, des camps de travaux forcés dont l'Histoire nous a trop souvent prouvé qu'ils n'étaient pas qu'un scénario catastrophe fantaisiste.
Le danger de l'autoritarisme nationaliste est plus lié à la tradition conservatrice même des revendications de l'extrême droite, qui se traduisent quasi-immanquablement par l'exigence d'une autorité étatique forte et d'un régime basé sur le maintien de l'ordre établi. Cette tendance est exacerbée dans les pays à tradition royaliste où les nostalgique de la monarchie se tournent naturellement vers le nationalisme.
Ce processus d'autoritarisme croissant met en péril le principe même de démocratie - ce qui est difficile à accepter pour tout républicain convaincu et impossible à avaler pour un amoureux de la Liberté tel que moi - rendant tout retour en arrière particulièrement ardu en cas d'échec de la politique choisie. Est-il réellement besoin de rappeler ici les conséquences qu'ont pu avoir sur notre Histoire les dictatures de l'un ou de l'autre extrême ?

Bref, je n'ai pas encore fini de taper sur le populisme, notamment sur le communisme, sur lequel il me reste encore beaucoup de choses à dire, mais puisse la mise en lumière de tous ces points qui rapprochent tellement les deux extrêmes ennemis amener certains de leurs partisans respectifs à revoir leurs positions.

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