"C'est fou comme le monde est petit !"
Cet immonde lieu commun est tellement souvent prononcé qu'il en est devenu affligeant de banalité. Il est pourtant censé n'être formulé que pour marquer le type d'évènements par définition les moins fréquents de la vie d'un homme (ou d'une femme, ou même d'un chien, voire d'un poisson rouge même si c'est plus rare qu'il en parle) : les coïncidences.
Et oui, c'est bien de cela qu'il est aujourd'hui question.
Cela nous arrive à tous, pour peu qu'on ne soit pas totalement dépourvu de réseau social, de croiser par hasard sur un forum l'ex de son meilleur ami, de retrouver un vieux pote de fac qui habite maintenant à l'autre bout du pays lors d'un séminaire en Espagne, ou encore de se rendre compte que la petite boulangère à qui on achète le pain depuis des années est en fait la nièce d'une collègue de boulot de notre mère.
C'est fou toutes ces coïncidence ! Il doit bien y avoir quelque part une forme de destin ou de providence qui nous guide vers ces faits improbables.
Et bin non. Tout ça peut s'expliquer relativement bien si on y réfléchit.
Considérant le nombre d'individus qu'on connaît dans toute une vie, ça paraît même plutôt normal, même pour quelqu'un qui n'a pas l'impression de mener une vie sociale hors du commun.
Prenons déjà toute nos familles : oncles, tantes, grands-parents, grands-oncles, grandes-tantes, cousins... On obtient souvent un réseau social extrêmement vaste rien que par la naissance. Ajoutons à cela toutes les personnes qui ont été dans chacune de nos classes pendant notre scolarité, plus tous ceux qui ont pratiqué, aux mêmes moments et niveaux, les mêmes activités extra-scolaires que nous. On peut encore rajouter les gens qu'on a connus en vacances, tous ceux avec qui on a pu discuter lors de telle ou telle soirée, ou encore ceux dont on a entendu parler sans les côtoyer plus que ça. Pour finir, pensons à tous les proches qu'on a pu fréquenter assidument à un moment ou à un autre de notre vie, ainsi que ceux qu'on a connu par leur biais (cop(a)in(es), famille, potes de potes .etc).
On arrive très vite à une masse considérable de gens dont on peut facilement se rappeler en les voyant et qu'on est au moins capable de reconnaitre. Quelque part c'est presque étonnant qu'on puisse mettre un pied dehors sans en croiser.
De plus, on s'aperçoit souvent que les soi-disant coïncidences s'expliquent souvent assez facilement de manière logique.
Si on reprend les exemples de tout à l'heure :
Ton pote avait transmis à son ex la passion que vous partagez tous les deux pour la science-fiction : il est donc normal que tu la retrouves sur ton forum Star Wars ; vous avez sympathisé avec ton pote de fac dans la même classe : vous avez eu le même diplôme et êtes employés par le même type de boite qui, logiquement, vous envoient tous les deux au même séminaire ; ta famille habite la ville depuis un bout de temps : il y avait toutes les chances pour qu'un de tes commerçants soit de la famille de quelqu'un de ton réseau sociale.
Je vais illustrer mes propos avec un exemple personnel assez marquant à mon goût :
Le jour de ma JAPD, je me suis retrouvé avec un mec que je connaissais vaguement. On avait des potes en commun, on fréquentait tous les deux le milieu mélomane nazairien, on connaissait nos groupes respectifs, peut-être même qu'on répétait en même temps, on était tous les deux bassistes... Bref en soit, le fait que nous nous soyons retrouvés tous deux convoqués le même jour et dans la même salle tenait déjà en soit d'une légère coïncidence.
Ne connaissant personne d'autre, nous avons donc passé la journée tous les deux, aussi avons-nous eu tout loisir de discuter. Et c'est ainsi que j'ai appris qu'en plus de vivre dans la même ville et d'être tous les deux bassistes, nous étions tous les deux nés exactement le même jour et qu'en plus, nous fréquentions tous les deux, de manière assez assidue, le même forum d'un site Internet pour bassistes. C'était donc une triple coïncidence.
Mais en y réfléchissant, il n'y pas vraiment de quoi s'émerveiller. La plupart de ces évènements découlaient les uns des autres.
En effet, notre date de convocation était en lien direct avec notre date de naissance, nous nous serions sans doute aperçu, si nous nous en étions enquis, que nous n'étions entourés que de gens nés pendant le mois d'octobre 1986, peut-être même tous entre le 15 et le 19.
Quant au forum, rien d'aberrant à ce que deux jeunes bassistes de 18ans fréquentent tous les deux le forum du plus gros site français pour bassiste de l'époque.
Bref la seule vraie coïncidence était que deux bassistes vivant dans la même ville soient nés le même jour. Et encore, si je recensais tous les musiciens d'à peu près mon âge que j'ai pu croiser de près ou de loin, je m'apercevrais sans doute que les probabilités qu'il y en ait un qui soit né le même jour que moi étaient loin d'être ridicules.
Cette histoire reste tout de même anecdotique, mais il est normal que des évènements pourvus d'une probabilité de cet ordre nous arrivent plusieurs fois dans une vie.
Ne gâchons donc plus nos salives à nous émerveiller sans arrêt de des pseudo-prodiges soi-disant improbables.
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