mercredi 3 octobre 2007

Évolution

Évolutivement, l'Homme est dans une impasse.
Et oui, le confort moderne, les progrès de la médecine et de l'hygiène, la baisse de la natalité, les critères de choix des partenaires et le fonctionnement des sociétés modernes ont stoppé notre évolution.

Pour ceux qui n'écoutaient pas en bio, Charles Darwin nous a appris que l'évolution se faisait par l'apparition de caractères au hasard par mutations génétiques. Quand un des caractères qui apparaissent ainsi donne un avantage pour la survie, l'individu qui l'a développé a plus de chance d"atteindre l'âge de procréer pour le transmettre à sa descendance qui, elle-même, va mieux survivre et le transmettre à sa descendance. Et ainsi de suite jusqu'à ce que seule la progéniture de ce mutant ait survécu ou jusqu'à ce qu'elle ait subi d'autres mutations avantageuses en nombre suffisant pour donner une nouvelle espèce.
C'est ce même principe qui impliquait que seuls les plus forts, ceux avec les gènes les plus avantageux, survivaient et que l'espèce s'améliorait au fur et à mesure, que ce soit physiquement ou intellectuellement.

Seulement voilà, aujourd'hui on a la médecine, l'hygiène et des villes débarrassées de toute forme de prédateur, de sorte que même les enfants les plus faibles et stupides atteindront l'âge de transmettre leur patrimoine génétique et de faire ainsi d'autres enfants faibles et stupides, généralement avec des partenaires également faibles et stupides aussi qui, seuls, auront voulu d'eux.

Oui je sais, dit comme ça c'est horrible. Attention, je ne suis pas en train de dire qu'il faut rectifier le tir en tuant ou en castrant, je me contente de poser le problème.

Et le fait est que certains gènes sont plus avantageux que d'autres, qu'on le veuille ou non.
Il n'est pas question ici de couleur de peau ou de cheveux (chacune pouvant avoir une utilité évolutive selon les situations, par exemple de camouflage) mais il est clair que les gènes jouent un rôle essentiel dans la constitution physique et une certaine prédisposition à l'intelligence ou à certaines maladies.
Cette sélection dans les caractères existants est donc bloquée, mais ce n'est pas le plus gênant à mon goût.

Ce qui attriste le doux rêveur que je suis, c'est que dans le cas de l'émergence d'un nouveau caractère utile qui aurait un effet "néfaste" sur notre apparence, comme l'apparition de nageoires, de branchies ou d'une mâchoire plus puissante avec des crocs acérés, le "mutant" aurait bien du mal à trouver un(e) partenaire pour transmettre son avantage. Il en irait de même pour sa descendance et le même processus qui a jusqu'alors favorisé l'évolution entraverait la nôtre.
Quant à ceux qui ne seraient pas esthétiquement invalidants, comme une vue perçante ou une ouïe améliorée, ils ne se répandraient guère. Le fait de pouvoir détecter une odeur spécifique dans un certain rayon ne donnera pas à toutes les femmes l'envie irrésistible d'avoir un enfant de toi, alors qu'il t'aurait donné un formidable avantage évolutif en rapport avec la survie il y a de cela quelques millénaires. Ce don ne se répandra donc que dans la maigre population de ta descendance, toute aussi amenée à disparaître que n'importe quelle autre.

Les critères de choix des partenaires restent aujourd'hui les seuls vrais critères d'évolution. Et ils sont assez larges : comme on dit, on trouve toujours chaussure à son pied. De plus, ils sont assez changeants. Les canons de la beauté par exemple, qui sont un critère majeur de choix des partenaires depuis déjà un bout de temps, ont assez sensiblement varié au cours des derniers siècles, comme en témoigne le contraste entre les tableaux et sculptures de la Renaissance et les couvertures de nos magazines actuels.

Présenté ainsi, ça paraît triste pour l'humanité.
En réalité, ce que ça signifie, c'est que nous, toi et moi, sommes arrivés au sommet de l'évolution. Notre espèce n'ira pas plus haut et, si jamais une autre espèce en arrivait à notre niveau d'évolution intellectuelle, elle serait confrontée au même problème. Quand bien même elle ne suivrait pas notre voie naturellement, nous la pervertirions amicalement avec nos modes de vie et notre technologie dès les balbutiements de sa conscience et de son intelligence.

Nous sommes et resterons donc les êtres les plus évolués de cette planète, à moins qu'on ne trouve un moyen d'appliquer nous-même une sélection artificielle. À vrai dire je ne le souhaite pas du tout, et vue l'opinion qu'on garde des derniers qui ont essayé, je pense qu'on est tranquilles pour un moment.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire