lundi 1 octobre 2007

L'acte désintéressé

Je ne suis pas le premier à le dire : il n'y a pas d'acte désintéressé.
Tout acte est forcément accompli dans le but de se faire plaisir à soi-même, que ce soit directement ou par le biais de quelqu'un d'autre. Même quand on s'occupe d'un ami, de ses enfants ou même d'un quidam quelconque sans y trouver de récompense personnelle, c'est que cela nous apporte une satisfaction.
Cette satisfaction peut être de différentes natures :
-plaisir personnel égoïste;
-intérêt à plus ou moins long terme;
-satisfaction du devoir accompli;
-éviter un déplaisir, une douleur ou un sentiment de culpabilité éventuel.

Evidemment, je ne peux pas vraiment le démontrer, mais j'attends encore le contre-exemple que je ne pourrais pas, d'une manière ou d'une autre, classer dans une des catégories ci-dessus.

Tant que j'y suis, je vais en profiter pour exposer un paradoxe que je trouve assez amusant. Je suppose qu'on y a déjà pensé avant moi : ce concept est survolé à la fin du film Constantine mais je m'étais fait ce raisonnement bien avant sa sortie.

Il s'agit du concept théologique que j'ai nommé concept du "vrai sacrifice", qui est en réalité un triple paradoxe.

Posons les règles de base.
Suivant la religion chrétienne, on est sensé accéder au Paradis par des bonnes actions pour autrui. Une bonne action pour autrui est forcément désintéressée, sinon c'est une action pour soi, une action égoïste, pas un vrai sacrifice.
De plus, la foi est aussi un critère extrêmement important dans l'accession au Paradis. Le bon chrétien n'est donc pas sans ignorer que les bonnes actions lavent son âme et le rapprochent du Salut.

Néanmoins, le bon chrétien qui accumule les actions de charité et de don de soi dans l'objectif d'aller au Paradis est intéressé. Ce qu'il donne en temps, biens, efforts ou souffrances, il le récupère en lavant son âme. De part sa nature intéressée, cette bonne action s'annule donc : premier paradoxe.
De plus, en soulageant la souffrance physique de la chair mortelle de son prochain, il noircit l'âme de celui-ci (la souffrance et la misère terrestes étant des critères d'accession au Paradis). Sa bonne action se change donc en mauvaise action : second paradoxe.

La vraie bonne action consiste donc à salir son âme pour laver celle des autres. Suivant ce principe, c'est ainsi en accomplissant les pires pêchés, en se rendant coupables des pires cruautés, que l'âme immortelle de son prochain à qui on inflige souffrance et misère se trouve lavée. La nôtre s'en trouvant noircie, nous n'y trouvons donc aucun intérêt et accomplissons là la seule vraie bonne action désintéressée possible : troisième paradoxe.

Un élément de plus à ajouter au discrédit de la chrétienté. C'est d'ailleurs aussi sûrement valable pour un paquet d'autres religions, en remplaçant la notion de Paradis par celle de karma ou autre.

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