dimanche 23 septembre 2007

Débats stériles

Un débat est stérile dans très exactement 95,83% des cas.

Cette affirmation est doublement fausse. D'abord parce que le pourcentage exact est difficilement obtensible (je mets au défi quiconque de me le trouver pour de bon), sans doute en constante évolution et donc totalement inventé. Il n'y a qu'une chance infime que je sois tombé juste et toutes les chances pour que, même si c'était le cas, ce chiffre ait déjà évolué pendant le temps qu'il t'a fallu pour lire cette phrase.

Mais surtout un débat n'est que très rarement stérile.
Ce qui est vrai, c'est que dans une très large majorité des cas, un débat ne mène à la capitulation d'aucun des deux camps.

Attention, je parle ici des débats sur des thèmes interprétatoires ou éventualistes, pas de ces débats où deux partis ne sont pas d'accord sur un fait établi et passent des heures à se soutenir l'un l'autre qu'ils se trompent alors qu'un tour sur Wikipedia ou dans le Guiness les eut fixés en un rien de temps.
Je parle bel et bien de ces débats sur des thèmes existentiels ou politiques, sur des goûts ou des couleurs, sur les conséquences de tel ou tel évènement fictif ou réel, ces débats inutiles par essence puisque ne pouvant par définition pas trancher la question de façon absolue.

Dans ce genre de débats, s'échiner à rallier son adversaire à sa cause est souvent peine perdue. Bien sûr, il y a des exceptions, mais dans la large majorité des cas, chacun campe sur ses positions. Au pire, on coupera même sur un laxatif lieu commun de type "de toutes façons chacun ses opinions" ou autre formule tout aussi vomitivement consensuelle. L'autre éventualité, guère préférable, consiste à s'époumoner pendant des heures.
Il arrive même régulièrement qu'un débatteur à cours d'argument ne démorde pas pour autant de la thèse qu'il soutient, ce en quoi il a d'ailleurs bien raison. Après tout, ce n'est pas parce qu'on ne trouve pas les arguments ou qu'on ne plaide pas bien sa cause qu'elle en devient moins juste. Cela impliquerait que la vérité de ce que je défends dépende des seules aptitudes dialectiques de mon opposant : s'il a raison de moi, ce que j'avance est faux, si c'est moi qui gagne, c'est vrai ? On risque un sacré non-sens si je triomphe du premier avant de m'incliner contre le second.

Néanmoins, aussi buttés qu'en soient les différents participants, on doit au moins reconnaitre au débat deux vertus.
La première est l'enseignement. En effet il arrive couramment qu'on prenne connaissance, via les exemples des autres, de faits nouveaux qui nous étaient inconnus, venant s'ajouter à notre culture. Tu me diras, pour se cultiver, autant aller passer sa journée sur Wikipedia, ouvrir un bouquin ou regarder la 5, c'est moins agressif et sûrement plus instructif. Et je te répondrai que tu n'as pas tort.
La seconde, plus importante, est la remise en question. En effet, tout inflexibles qu'aient été les deux parties, une fois le débat terminé et l'affrontement remis, elles auront tout loisir d'y repenser et de profiter des contre-arguments et des exemples avancés par leur opposant pour revoir plus ou moins légèrement leurs points de vue afin de colmater les quelques brêches mises en avant dans leurs raisonnements.

Stérile donc, un débat ne l'est que rarement.

2 commentaires:

  1. J'ai toujours pas clairement compris ce qu'est un débat stéril. Est-ce que quelqu'un peut me donner la définiton de débat stéril?

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    1. Un débat stérile est une discussion qui n'aboutit à rien.

      J’espère que ma définition t'aura aidé à y voir plus clair !

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