mardi 11 septembre 2007

Dieu n'existe pas ?

Parmi les sujets récurrents dans mes raisonnements et débats intérieurs, mon rapport à Dieu est sans doute le plus inévitable. Afin de mieux te l'expliquer (tu t'en fous peut-être mais ça risque d'être important pour la suite), je vais quand même devoir un peu raconter ma vie.

Je m'appelle Emmanuel, prénom d'origine hébraïque signifiant littéralement "Dieu est avec nous". J'ai reçu, depuis ma plus tendre enfance, une éducation religieuse : École catholique, Catéchisme, Scoutisme etc. J'ai donc en quelque sorte construit une partie de ma pensée et de mes raisonnements autour du concept de Dieu, en considérant qu'il y avait au-dessus de nous une force qui nous avait créés et qui nous jugeait.
Évidemment, comme la plupart des gamins, ça ne m'affectait pas plus que ça. Ça ne m'empêchait pas de faire le con à l'église, de ne pas vraiment choisir mes actions en fonction de ce que préconisait la Bible et d'être un mauvais chrétien doublé d'une vraie petite tête de con. Mais j'avais quand même, présente quelque part, cette crainte du jugement inculquée par la morale chrétienne. Un soir dans mon lit, je fus même pris d'une peur panique de l'enfer. Quand m'est venu l'âge de raisonner par moi-même, je conclus que la beauté et la complexité de ce monde et des autres ne pouvaient être le fruit du hasard et qu'il existait forcément une entité créatrice à l'origine de tout ça, ce qui me conforta dans la vision qu'on m'avait inculquée. Considérant qu'il existe un dieu, et que des milliards de gens croient en celui - qui est au final le même - des Chrétiens, des Juifs et des Musulmans, c'est qu'il doit sans doute ressembler à ça. Quitte à croire en Dieu, autant continuer à croire en celui que j'ai toujours connu.
Puis je me suis façonné un raisonnement dont je n'apprendrais que bien plus tard qu'un certain Pascal l'avait envisagé avant moi.
En gros, si Dieu n'existait pas, je ne risquais rien à me conduire en bon chrétien. Ma mort passerait inaperçue, je n'irais pas en enfer. En revanche, si Dieu existait et que je ne croyais pas en Lui, que je n'agissais pas selon Sa volonté, j'irais rôtir pour l'éternité. Bref, j'avais tout intérêt à croire en Dieu et à être une ouaille pas plus mauvaise qu'une autre. C'est ainsi que je fus amené notamment, à faire ma Confirmation.

Tout ça pour dire que la notion de Dieu créateur et juge était ancrée en moi jusqu'à une période avancée de mon adolescence.
Puis, ma vocation scientifique s'est précisée. Je me suis beaucoup intéressé à la science-fiction, puis à la science et aux théories physiques intéressantes, ainsi qu'à la biologie. Bref pas mal de choses ont commencé à s'expliquer et à trouver du sens en dehors de la notion de divinité, et beaucoup de ce qu'on m'avait enseigné au catéchisme se transformait au mieux en métaphores ridicules. Je situe ma rupture définitive d'avec la foi chrétienne à une après-midi d'été où je lisais un livre de Dan Simmons, le deuxième tome de la série Endymion il me semble. J'en profite pour te signaler si tu ne le sais pas, inculte que tu es, que Dan Simmons est, outre un mécréant anti-clérical de première, un auteur génial, pas seulement de science-fiction d'ailleurs. Il sait, mieux que personne à ma connaissance, traiter et retranscrire la souffrance humaine dans ses récits.
Bref l'histoire en était à un stade où le héros, blessé, se retrouve éjecté d'une sorte de plateforme dans l'immensité aquatique de je ne sais plus quelle planète océanique. Il imagine alors avec une certaine précision le sort qui l'attend lorsque le sang qui s'écoule de sa plaie aura attiré des requins.

C'est là que tout m'est apparu clairement.
Comment peut-on croire que notre monde ait été créé par un dieu bienveillant comme celui décrit par la religion catholique alors que tout y est basé sur la souffrance et la mort. Le principe même de la vie c'est que, mises à part quelques plantes et quelques espèces de scarabées mangeurs de merde, la quasi-totalité des êtres vivants survivent soit en en tuant d'autres, soit en profitant plus ou moins directement de leurs morts.
Et le moins qu'on puisse dire c'est que mourir en participant au grand cycle de la vie c'est loin d'être la mort la plus agréable qu'on puisse connaitre. Tu t'imagines une seconde que le requin, la meute de loup ou l'armée de crabes qui va te déchiqueter prendra la peine de t'assommer avant ? Et non ! La mort naturelle, la vraie, est digne des plus gores des films d'horreur, en souvent bien pire.
Comment peut-on considérer qu'un dieu dont un des commandements inviolables est "Tu ne tueras point." ait créé ce système dans lequel nous vivons, cette vie basée sur la mort et la souffrance ?

Au-delà de toutes les autres incohérences des diverses religions (sur lesquelles je reviendrai d'ailleurs sans doute, je n'ai pas fini de leur taper dessus), c'est avant tout ce raisonnement simple qui m'a poussé à renier ma foi chrétienne. Je ne risque pas l'enfer puisqu'il n'y a aucune chance que Dieu soit tel que ceux qui parlent d'enfer le décrivent. Je n'ai pas de raisons de croire et toutes les raisons de ne pas croire. C'est sûrement valable pour toi aussi d'ailleurs...

Bon, je m'arrête là pour ce soir, ça fait déjà un gros pavé. Mais je suis loin d'en avoir fini avec ce thème, j'y reviendrai de bien des manières, et je suis certain que je ne manquerai pas d'y faire souvent référence.

3 commentaires:

  1. La pensée que tu attribues à Descartes appartient en fait à Pascal et est connue sous le nom de "pari de Pascal". Pascal parie qu'il y a un Dieu, car comme tu le dis, s'il n'existe pas, ça ne coûte rien, et s'il existe ça vaut mieux.

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  2. "Et le moins qu'on puisse dire c'est que mourir en participant au grand cycle de la vie c'est loin d'être la plus belle mort qu'on puisse connaitre."
    Parce que tu t'imagines que crever dans son lit comme un bourgeois c'est une belle mort ? Je préfère les loups...

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  3. Vrai pour Pascal, au temps pour moi, l'ignorant es philosophie que je suis a tendance à confondre les deux. Faut dire que ça remonte à mes cours de terminale S. Je vais corriger ça merci.
    Etant donné que tu as l'air calé en la matière, n'hésite surtout pas, si tu repasses par là, à me signaler d'autres éventuelles erreurs philosophiques de mes articles.

    Sinon il est vrai que l'expression "belle mort" n'est sans doute pas la mieux désignée pour exprimer le fond de ma pensée. J'aurais moi-même tendance à trouver plus d'esthétique dans un décès violent que dans la banalité actuelle de la situation du vieillard souillant ses couches.
    Cela dit à choisir entre les deux je préfère personnellement largement une mort confortable et la plus indolore possible à celle, toute en souffrances et hurlements, que semblaient nous réserver Dame Nature et son hypothétique Créateur, ce qui paraît relativement cohérent dans une optique comme la mienne qui place le plaisir et l'atténuation de la souffrance comme principaux buts de notre existence.

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