mardi 4 mars 2008

Comportement exemplaire

Pour notre presse, le grand jeu du moment consiste à épier, relater, décortiquer et analyser chacun des faits et gestes de notre plus si nouveau que ça Président de la République. C'est ainsi qu'on a récemment fait beaucoup de bruit autour de ses paroles malheureuses lors du salon de l'agriculture.

Le support écrit ayant pour but le passage à la postérité, où j'ose espérer que cette anecdote aura déserté depuis fort longtemps toutes les mémoires, je vais resituer le contexte. Nicolas Sarkozy, l'actuel Président de la République française, traversait le salon de l'agriculture au pas de gymnastique, entouré d'une cohue de ses administrés qui se pressaient tout contre lui afin de profiter des quelques poignées de main qu'il distribuait alors, comme le veut ce rituel aussi ridicule qu'absurde du bain de foule. C'est alors qu'un de ces nombreux badauds massés, à qui le chef de l'état tend la main, ouvre cet échange courtois :
"-Ha non touche moi pas, tu m'salis.
-Casse toi alors, pauvre con."

Inutile de dire que ça a fait le tour de tous les sites de streaming, de toutes les chaines de télévision et de radio et de tous les journaux en un rien de temps.
L'opposition a hurlé au scandale d'une seule voix, tandis que les pro-Sarkozy comprenaient et soutenaient frileusement la réaction de celui-ci. Des micro-trottoirs de TF1 aux débats entre experts de la com' sur France Info, il était prodigué à chacun un peu de temps d'antenne afin de donner son avis et son interprétation sur les propos du chef de l'état.
Même si je n'en pense pas moins, je ne m'attarderai pas ici à fustiger ce genre de focalisation médiatique inutile alors qu'il y a tant à dénonceen ce bas monde. D'ailleurs j'aurais l'air con dans la mesure où je suis moi-même en train d'écrire un article à ce sujet et où j'ai la ferme intention de donner mon avis sur la chose. Après tout c'est pour ça que je suis là.

Bref tout ça pour dire que je n'ai pas entendu un seul de ces soi-disants experts faire le parallèle avec une autre affaire qui avait, elle aussi, défrayé la chronique il y a peu de temps; les conditions étaient pourtant rigoureusement identiques : des caméras de télévision, un personnage publique important et connu de tous dans un contexte de grande tension et une attitude violente en réponse à une provocation.
Oui, je parle évidemment du fameux coup de boule de Zidane. La position de Sarkozy dans les sondages doit lui valoir en ce moment, une tension et une lassitude comparables à celles occasionnées par une finale de coupe du monde s'éternisant sur un joueur de football à l'approche de la retraite. Le provocateur (on ne me fera pas croire que le badaud du salon était là par hasard et avait un autre but que la provocation) a obtenu ce qu'il voulait dans les deux cas. L'un était sportif, l'autre politicien, l'un a répondu physiquement, l'autre verbalement, et à chaque fois c'est autant la violence de la réaction que le statut du personnage concerné qui choque et divise l'opinion.

Mon analyse est donc la même dans les deux cas.
Ont-ils eu tort ? Evidemment. Aucun débordement violent de ce type en public ne saurait se justifier de la part de ces gens à qui une nation toute entière a offert sa confiance. L'un et l'autre, en tant que sportif et que dirigeant, se doivent d'avoir un comportement exemplaire dans le cadre de leurs fonctions respectives d'une part, et en tant que personnages publiques représentant les valeurs de certaines institutions d'autre part.
Mais est-ce que je les comprends ? Et bien tout-à-fait. Dans un cas comme dans l'autre, j'aurais sans doute réagi au moins aussi violemment, peut-être même plus étant donné le contexte.

L'un et l'autre sont humains et ni le fait de pratiquer un sport mieux que personne, ni celui d'avoir des aptitudes de dirigeant (ou du moins d'arriver à faire croire qu'on en a) ne peut changer quoi que ce soit à notre condition et à notre imperfection.
Bref le sujet a déjà fait couler bien assez d'encre et je ne vois vraiment pas quoi en dire d'autre. Espérons juste que la presse française, ainsi que ton serviteur, sauront à l'avenir se recentrer sur des sujets ayant une importance et un intérêt quelconque.

2 commentaires:

  1. Oula, tu fais quelque peu fausse route je crois ;)

    Le dialogue est :

    "Bonjour !" (président qui tend la main)

    "Ah non, touche-moi pas !"

    "Casse-toi alors !"

    "Tu m'salis"

    "Et bah casse-toi, pauv' con !"



    J'ajouterai aussi qu'il ne prenait pas un bain de foule, il se déplacait dans le salon. Autour de lui, des gardes du corps, agents de sécurité etc ... Le petit groupe se déplace difficilement dans les allées serrées du salon.

    Le badaud, voulait se déplacer dans le sens contraire au petit groupe, et n'était pas là par "provocation". Ceci ne justifie pas son comportement, ni celui du président.

    Je rappelle aussi la classe Chiracienne, qui lors d'un salon c'est pris un vif "Connard !" auquel il a répondu "Enchanté, moi c'est Chirac !". Ca a tout de même beaucoup plus de gueule :)

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  2. Oui, merci pour la précision pour le dialogue. En fait j'ai rédigé ça à partir du visionnage de la vidéo, c'est donc volontairement que j'ai simplifié l'échange afin d'économiser deux lignes tout en gardant toute l'essence du dialogue. Ta retranscription est effectivement plus fidèle.

    Concernant l'histoire du bain de foule je ne sais pas s'il y a des règles précises édictées mais en ce qui me concerne, agents de sécurité ou pas et quelle que soit la vitesse de déplacement, je considère qu'un président entouré d'une foule de badauds à qui il sert la main c'est un bain de foule. Evidemment en l'occurence, l'objectif était plus le fait de se rendre au lieu du discours que de serrer des mains, mais je ne pense que le bain de foule, tout collatéral qu'il soit, ne puisse pas être qualifié ainsi pour autant.

    Sinon pour Chirac, je suis on ne peut plus d'accord avec toi sur le fait que la précédente génération présidentielle, indépendamment du contenu politique en lui-même, avait quand même autrement plus de classe. Qu'on compare Chirac à Sarko ou Jospin à Ségo, il n'y a vraiment pas à tortiller.

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