dimanche 11 novembre 2007

Démocratie

Plus ça va, plus je me demande si les gens sont vraiment dignes de la démocratie. Diriger un pays, choisir sa ligne de conduite économique, sociale, militaire, sécuritaire, c'est une tâche ou plutôt un ensemble de tâches qui dépasse de loin le ressort du Français lambda. Et c'est pourtant à lui qu'incombe la responsabilité de choisir plus ou moins ou hasard le plus apte à les remplir parmi les nombreux incompétents qui lui sont proposés.
En effet, de toutes les lignes de conduite envisageables, il y en a forcément une qui, à une conjecture donnée, est globalement préférable aux autres. On peut donc supposer que parmi les différents candidats, il y en a un qui sera globalement préférable aux autres, un homme de la situation.

Et comme je l'ai dit, le Français choisit cette personne plus ou moins au hasard.

Déjà parce que personne ne peut vraiment savoir lequel c'est, le bon. Même parmi les meilleurs politiciens, les plus prestigieux économistes, les dirigeants les plus compétents, il en est de droite et de gauche qui auront généralement des opinions sensiblement différentes sur le choix de l'homme de la situation, notamment en période électorale.
Ensuite, quand bien même le Français aurait un moyen de savoir quel candidat est le meilleur, il n'en prendrait pas forcément le temps. Il prend déjà tout juste celui de se demander lequel lui plaît le plus.

Soyons honnêtes, de manière générale, quels sont les critères du choix de notre bulletin de vote ?

Notre orientation politique, tout d'abord. On la définit en général assez tôt dans notre vie et souvent pour d'assez mauvaises raisons. On suit l'exemple ou les idées parentales, on se fait un avis sur le bref résumé des différents camps qu'on a demandé à un ami à peine plus instruit de nous faire, on se base sur l'image d'un candidat ou la réputation d'un parti... Autant de circonstances qui font de nous, en un minimum de temps et d'efforts, un mec ou une nana de droite ou de gauche.
Et la plupart d'entre nous préférerait souvent voir pendues haut-et-court les valeurs républicaines que de changer de bord, se confortant soigneusement dans cette conviction superficielle avec des raisonnements choisis et des interprétations arrangeantes, l'extrémisant parfois même au gré des déceptions et des amertumes. Le gauchiste lit l'Huma, le droiteux lit le Figaro et chacun campe sa position contre vents et marées.

S'il n'y avait que ça, on aurait sensiblement toujours les même résultats aux différents élections. Mais il existe aussi une frange de la population qui n'a pas de parti pris intouchable et qui pourra varier son vote. C'est d'ailleurs à cette frange de la population, sans doute pas si importante, que s'adressent les couteuses et médiatiques campagnes électorales.
N'allons pas trop loin quand même dans l'adulation de ces heureux garants de l'utilité du système électorale. Car ces gens votent souvent sans réfléchir, sans chercher plus loin, sans savoir pourquoi ils votent. Ils voient un Chirac marrant et débonnaire aux guignols et l'élisent sans en savoir plus sur sa capacité à être un bon dirigeant ou son niveau d'incompétence. Ils se font une idée morale, jugent sur les scandales privés révélés dans Paris Match ou sur un abus de langage ou encore une expression un peu trop imagée qui fait polémique dans tous les journaux. Ils oublient l'essentiel, jugent par l'apparence, votent par sympathie, s'indignent de concert avec le candidat sur le discours duquel ils tombent en zappant sur le 6minutes entre le Bigdil et la roue de la fortune, dénonçant une insoutenable injustice et l'attribuant à ses adversaires. Ils décident alors que celui-là n'a pas l'air trop con et que ça vaudra bien qu'on lui accorde son bulletin.

Après tout il faut bien en choisir un. Car oui il faut voter ! J'ai déjà écrit un article là-dessus (cf Tous aux urnes!), je t'invite donc à le lire pour en savoir plus sur le mépris que ce genre de formulation m'inspire.

Comme le disait Desproges, "La démocratie c'est la dictature exercée par le plus grand nombre sur la minorité", et le fait est que le plus grand nombre est bien souvent très loin d'être compétent dans le rôle de dictateur.

Malgré tout, je continue de croire que c'est le meilleur système dont nous disposions. Mieux vaut risquer de se laisser guider par la stupidité de tout un peuple que par la folie d'un seul homme. Même si je trouve beaucoup d'arguments pour la dénoncer et peu pour la défendre, les alternatives (monarchie, oligarchie, anarchie...) me répugnent a priori bien plus encore. Il faut se faire à cette idée, on n'a pas encore inventé de façon idéale de diriger les Hommes. Tâchons donc, quoi qu'il nous en coute, de protéger au mieux et de nous montrer le plus digne possible des valeurs du régime que nous avons choisi, et qui, lui, continue de nous laisser le choix.

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