dimanche 5 décembre 2010

Achats de tabac à l'étranger : Quand tout le monde semble jouer contre son camp

La réaction des buralistes français face à la suppression des quotas chiffrés sur l'achat de tabac à l'étranger n'est, en soi, guère surprenante. Il semble évident que dans l'état actuel des choses, une ouverture du commerce à l'étranger tendra à les placer dans une position inconfortable même si, ces limitations étant déjà largement inappliquées, l'impact de leur assouplissement sera sans doute très mesuré. En revanche, on trouve un réel motif d'étonnement dans le constat qu'en cherchant à limiter une concurrence indéniablement faussée, ils semblent choisir d'ignorer la source de leur handicap : la démesure sans cesse croissante des taxes sur le tabac vendu en France. On s'attendrait pourtant à ce qu'ils soient les premiers à défendre, en même temps que le pouvoir d'achat de leurs clients, leur propre intérêt face à ces politiques fiscales dont le but avoué est de les priver progressivement de la plus grande part possible de leur clientèle. Il serait difficilement compréhensible que les subventions que l'État leur verse depuis 2006 et jusqu'en 2011 en compensation de ses mesures agressives envers leur activité puissent leur faire oublier bien longtemps qu'on ne les nourris d'une main que pour mieux les étrangler de l'autre. Une réduction significative de ces taxes transformerait automatiquement cette ouverture du marché transfrontalier en bénédiction, tant pour leur situation que pour le pouvoir d'achat des fumeurs français, et même des frontaliers espagnols et allemands qui, pour une fois, pourraient trouver avantageux d'acheter quelque chose en France.

En revanche, il est beaucoup plus surprenant que les automobilistes qui sont interpelés par les buralistes en colère, alors qu'ils passent la frontière pour se fournir en cigarettes, affirment leur sympathie, et parfois même leur soutien à cette lutte curieusement dirigée. Ceux-là même que les taxes et l'espoir de préserver leur pouvoir d'achat poussent sur les routes jouent contre leur ultime recours. Un devoir de solidarité avec les manifestants s'est-il à ce point intégré à la conscience des Français qu'ils les soutiennent même quand la manifestation est si manifestement contraire à leur intérêt direct ?

Plus frappant encore, on entend dire que même les industriels du tabac verraient cette ouverture d'un mauvais œil. Il faut cependant remarquer que l'allusion est évasive, qu'aucune source n'est citée, et que la justification fournie peine à convaincre que les cigarettiers puissent se sentir menacés par une augmentation des volumes de vente de tabac, quand bien même celle-ci profiterait plus à certains qu'à d'autres (d'autant que l'explication fournie pour ce phénomène hypothétique n'est guère plus solidement fondée).

Force est de constater qu'il est difficile d'évaluer dans quelle mesure le filtre médiatique peut déformer les signaux qu'on reçoit de cette grogne, et plus largement du débat autour des politiques anti-tabac. On se souvient notamment que les grands médias ont été particulièrement laudatifs à l'égard de l'interdiction de fumer dans les lieux publics – aussi bien quand elle ne constituait qu'un vague projet que quand il s'est agi d'en dresser un premier bilan – ou encore qu'ils ont été prompts à "honorer" leur rôle de contrepouvoir en dénonçant massivement et sans délai les moindres transgressions des fumeurs récalcitrants ou de leurs complices, relayant avec zèle et sans réel contrepoint les rappels à l'intransigeance des associations anti-tabac.

Même si leur popularité réelle est difficile à évaluer, les opinions favorables à ce protectionnisme du tabac rencontrent un écho trop important pour ne pas interpeler. Pénaliser tant les Français les plus modestes (les fumeurs, lourdement taxés sont tout particulièrement représentés chez les chômeurs) que les buralistes ou encore les patrons, clients et employés de cafés, pour des résultats pour le moins discutables en matière de santé publique et même un impact très limité sur la consommation finale de tabac est-il vraiment justifiable du point de vue du rapport coût/résultat ? Le coût, lui, est en tout cas indéniable, tant dans le domaine du pouvoir d'achat que des libertés individuelles. L'ouverture du commerce transfrontalier pourrait permettre de l'alléger marginalement, et surtout de créer une pression à la baisse sur les taxes françaises sur le tabac, seule solution pour préserver durablement l'activité de nos buralistes.

Évidemment, cela nécessiterait de porter le coup de grâce à une conception belliqueuse de l'anti-tabagisme dont moyens et fins peuvent être résumés à l'imposition sans limite de nouvelles contraintes aux fumeurs, avec pour seul indicateur d'efficacité la part de l'opinion publique adhérant à leur croisade. Alors que, l'inscription présente sur chaque paquet aidant, nul ne peut prétendre ignorer les risques qu'il prend en choisissant de fumer, ne peut-on pas considérer que ceux qui continuent à faire ce choix ne sont peut-être pas toujours si faibles, stupides ou irresponsables que ne veulent le faire croire ceux qui les accablent de taxes et d'interdictions ?

3 commentaires:

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