Va savoir pourquoi l'Homme a un jour pensé que son Créateur était énorme et omniprésent, le définissant comme un être gigantesque qui aurait engendré tout le reste à partir de rien.
En fait, au lieu de chercher notre Dieu créateur dans l'infiniment grand, imaginant que notre géniteur nous regardait de haut comme nous regardons des fourmis dans leur fourmilière, c'était vers l'infiniment petit qu'il fallait se tourner. En effet, si nous pouvons observer, nourrir ou tuer des fourmis, nous ne pouvons en aucun cas les avoir créées.
Nous avions tout faux. Notre Créateur n'est pas une entité unique et gigantesque qui a tout généré en un claquement de doigts. Notre Créateur, c'est une multitude de cellules minuscules qui, à force de se reproduire, de se battre pour survivre, d'"apprendre" à se combiner et à travailler en équipe, ont fini par aboutir à la formation d'êtres doués d'un état de conscience qu'elles n'ont absolument aucune capacité d'appréhender, et tout cela sans même le vouloir ou s'en rendre compte.
Nous croyions naïvement que l'échelle de la création marchait du haut vers le bas, qu'un être doué d'une conscience supérieure créait plusieurs êtres doués d'une conscience inférieure, alors que la loi qui régit l'univers est toute autre, et ce depuis le big-bang : le petit crée le grand. Les nucléons forment les atomes, les atomes forment les molécules, les molécules forment les cellules, les cellules forment les êtres vivants.
Et si, en nous combinant, et en travaillant les uns avec les autres, à notre échelle et à notre façon, nous étions nous aussi non seulement aptes mais voués à créer une nouvelle forme de vie ? Un être nouveau à une échelle tellement démesurée par rapport à la nôtre que nous ne pourrions même jamais en concevoir l'existence, doué d'un niveau de conscience si élevé par rapport à nous que nous passerions, en comparaison, pour des petites cellules travailleuses uniquement programmées à certaines tâches simplistes. Et si nous l'avions déjà créé ? Et si nous étions en train de le faire ?
Qui nous dit que cet être ne pourrait pas tout simplement se débarrasser en un instant d'une partie de ce qui le compose, d'une partie d'entre nous, comme quand nous coupons nos cheveux ou crachons n'importe où ? Qui nous dit qu'il ne l'a pas déjà fait ? Que la Terre, ou même l'univers que nous connaissons, n'est pas qu'un bout de rognure d'ongle pourrissant depuis peu sous le lit d'une créature cosmique, sans que nous soyons plus conscients de notre soudaine inanité que nous ne l'étions de notre utilité à l'époque où notre activité avait encore un impact quelconque sur le plan supérieur, aussi infime fût-il.
Et si nous avions créé Dieu ? Pas au sens du Dieu créateur mais de l'être supérieur, tant sur le plan de la taille que du pouvoir ou de la conscience. Voudrais-tu connaître son existence ? Voudrais-tu qu'il connaisse la nôtre ?
Que ce soit le cas ou non, j'aime à constater que cette seule pensée me suffit à relativiser notre grandeur, notre puissance et notre intellect.
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